Érusser
En Anjou
- érusser
Mot
Verbe.
En Anjou (Tc, Lue, By, Sar, Mj, Mg, Mr), érusser pour
- écorcher (la corde m'a érussé les mains) ;
- user (érusser son pantalon) ;
- effeuiller (la vigne, les ormes) ;
- arracher la graine du chanvre.
Se dit également à propos des ardoisières : « Plan de glissement des schistes par une masse de rocher plus ou moins considérable qui tend à tomber dans une carrière, c'est-à-dire à s'érusser. » (C. Ménière, Glossaire)
Érussage, action d'érusser.
Citations
« La feuille d'ormeau s'érusse du 1er août au 1er novembre. » (A.-E. Robert et E. Gasté, Usages ruraux)
« Les nuages sont bas : ils glissent, ils vont de Segré à Vern et, penchés dans le même sens, frémissent les peupliers érussés haut à la serpe. » (H. Bazin, Cri de la chouette)
Glossaire V. et O.
Dans le glossaire de Verrier et Onillon : « Érusser (Tc, Lue, By., Sar., Mj.), v. a. —
Ecorcher, gratter fortement, comme fait un
corps rugueux. Ex. : La corde m'a érussé les
mains. \\ User, érailler. Ex. : Tu as joliment
érussé ta culotte à te traîner sur les genoux. \\
Se servir de, porter pour la première fois un
objet neuf. Ex. : C'est moi qui ai érussé ces
chemises-là. \\ Auv. — Gruger, dépouiller de
ses graines, le chanvre. Extraire la graine
d'une plante en la faisant glisser entre doux
corps durs, sans détruire la tige. — Syn. de
Eruffer, Groger, Epier, Epéier. — On érusse des
feuilles de vigne, d'orme, etc. pour les vaches ;
de l'avoine folle pour les oisons. — Ti.,
Zig. 150, id. Erusser de la feuille, la détacher
à la main. Syn. de Groger. \\ Mj. — Fig.
Erusser ein confesseur, — se confesser la première
à lui. Il V. réf. — S'adoucir, se polir par
l'usure.
Et. — Par curiosité je citerai Ménage : « Belon,
livre 3 de son Ornithologie, ch. VIII, parlant de
l'oiseau appelé lièvre : Sa queue est ronde comme
celle des oiseaux de rivière. Mais la voyant errussée
par le bout, avons eu occasion de penser qu'il se
perche et fait son nid par les rochers et sur les
arbres. « — Nous disons en Anjou : « érusser le
chanvre », pour dire : arracher la graine du chanvre
avec un certain bâton fendu. Peut estre d'Eruo,
erusso, erussare. érusser. Dans le passage de Belon
errussé semble être dit pour hérissée » — Dottin,
propose : Emonder une « rus », vieille émousse,
souche. — Tout cela est peu concluant. »
Notes
- Voir aussi écramaillé, roucher.
- Anatole-Édouard Robert et Eugène Gasté, Dictionnaire des usages ruraux et urbains de Maine-et-Loire, E. Barassé imprimeur-libraire (Angers), 1872, p. 121
- Charles Ménière, Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes, dans Mémoires de la Société académique de Maine-et-Loire, t. XXXVI, Lachèse et Dolbeau (Angers), 1881, p. 352
- Joseph Grandet, Histoire du séminaire d'Angers depuis sa fondation en 1659 jusqu'à son union avec Saint-Sulpice en 1695, Germain et G. Grassin (Angers), 1893, p. 654
- Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, t. 1er, Germain & Grassin (Angers), 1908, p. 359
- Henry Cormeau, L'accent de chez nous : essai d'une phonétique du Bas-Anjou, Éd. Georges Crès & Cie (Paris), 1922, p. 72
- George Gibb Nicholson, Un nouveau principe d'étymologie romane, E. Droz (Paris), 1936, p. 284
- Hervé Bazin, Cri de la chouette, B. Grasset (Paris), 1972, p. 84
- Louis Maucourt, Tiercé - Frontière des appâtis et de la chouanerie, Impr. Paquereau Technographis (Angers), 1989, p. 380
- Dominique Fournier, Mots d'galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 1998, p. 109