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« Établissements Bessonneau » : différence entre les versions

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{{Infobox entreprise
{{Infobox entreprise
  | titre = Les Établissements Bessonneau
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Les '''Établissements Bessonneau''' sont une activité implantée pendant près d'un siècle à Angers ([[Maine-et-Loire]], région des Pays de la Loire), qui était spécialisée dans le tissage et le cordage à partir de la culture du chanvre.
Les '''Établissements Bessonneau''' sont une activité implantée au {{XXs}} à Angers, en [[Maine-et-Loire]] dans la région des Pays de la Loire, qui était spécialisée dans le tissage et le cordage à partir de la culture du chanvre. Elle sera l'une des plus importantes industries angevines de l'époque.




== La culture du chanvre en Anjou ==
== La culture du chanvre en Anjou ==
Le chanvre a été cultivé en Anjou pendant plusieurs siècles, notamment dans les régions de [[Beaufort-en-Vallée|Beaufort]], [[Chalonnes-sur-Loire|Chalonnes]] et [[Montjean-sur-Loire|Montjean]]. Cette matière première était utilisée pour les textiles ainsi que pour la fabrication de cordages. D'après Jules Verne, le chanvre occupait {{formatnum:7700}} hectares de superficie pour une valeur de 4 millions de francs en 1876<ref>Extrait de l'ouvrage de la géographie de 1876 de Jules Verne ([[Géographie Jules Verne - page 394|voir]]).</ref>.
Le chanvre a été cultivé en Anjou pendant plusieurs siècles, notamment dans les régions de [[Beaufort-en-Vallée|Beaufort]], [[Chalonnes-sur-Loire|Chalonnes]] et [[Montjean-sur-Loire|Montjean]], mais aussi à [[Écouflant]] où le chanvre était vendu à l'usine Bessonneau d'Angers. Cette matière première est alors utilisée pour les textiles ainsi que pour la fabrication de cordages. D'après Jules Verne, le chanvre occupe {{formatnum:7700}} hectares de superficie pour une valeur de 4 millions de francs en 1876<ref>Jules Verne, ''Géographie de la France'', Édition J. Hetzel (Paris), 1876, p. 394 ([[Géographie Jules Verne - page 394|voir]]).</ref>{{,}}<ref>Mairie d'Écouflant, ''Histoire d'Écouflant'', 2021</ref>.


La culture du chanvre, les outils et les métiers associés ont laissé de nombreuses traces dans la toponymie et l'anthroponymie (noms de lieux et de personnes). Le [[festival De fibres en musique]], qui a lieu chaque année au mois d'août à [[Montjean-sur-Loire]] est organisé par d'anciens chanvriers et montre les gestes qui se pratiquaient pour confectionner les cordages pour la batellerie, depuis l'arrachage du chanvre jusqu'à la réalisation de cordes<ref name="dfem-2013">[[Festival De fibres en musique|De fibres en musique]], Site du festival, juin 2013.</ref>.
La culture du chanvre, les outils et les métiers associés, ont laissés de nombreuses traces dans la toponymie et l'anthroponymie (noms de lieux et de personnes). Le [[festival De fibres en musique]], qui a lieu chaque année au mois d'août à [[Montjean-sur-Loire]], est organisé par d'anciens chanvriers et montre les gestes qui se pratiquaient pour confectionner les cordages pour la batellerie, depuis l'arrachage du chanvre jusqu'à la réalisation de cordes<ref name="dfem-2013">[[Festival De fibres en musique]], juin 2013.</ref>.


== L'entreprise ==
== L'entreprise ==
L'entreprise a été créée par [[Julien Bessonneau]] (1842-1916). En 1869, il épouse la fille de son oncle maternel François Besnard, créateur en 1840 de la corderie du Mail, entreprise de cordes et de ficelles.
L'entreprise est créée par [[Julien Bessonneau]] (1842-1916), fils d'un sabotier marchand de bois. En 1869, il épouse la fille de son oncle maternel François Besnard, créateur en 1840 de la corderie du Mail, entreprise de cordes et de ficelles<ref>Ville d'Angers (Sylvain Bertoldi), ''"De sac et de corde" : Bessonneau à Angers'', dans ''Vivre à Angers'' n° 337, octobre 2009.</ref>{{,}}<ref name="bouvet-2002">Jacques Bouvet, ''Besonneau Angers'', Société des Études Angevines, mars 2002, Archives municipales d'Angers, 13 Fi (albums de photographies).</ref>{{,}}<ref>Célestin Port (révisé par Jacques Levron et Pierre d'Herbécourt), ''Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou'', {{t.|I}} (A-C), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1965, {{p.|359-360}}.</ref>.


En 1901, Julien Bessonneau regroupe toutes les manufactures de chanvre d'Angers<ref>Mairie d'Angers, [http://www.angers.fr/index.php?id=51249 1919 - Bessonneau], consulté le 16 novembre 2015.</ref>, qui étaient au nombre de neuf en 1847, en une société unique, la ''Société anonyme des Filatures, Corderies et Tissages d'Angers''. C'est un administrateur hors pair qui finira par détenir 60 % du capital de la nouvelle société. Il crée une caisse de secours pour les ouvriers, des crèches (car le personnel est essentiellement féminin avec de faibles salaires), une harmonie musicale et des équipements sportifs. Mais ses ouvriers appelaient l'usine ''Goussepain'', en raison de leurs faibles salaires qui leur permettaient tout juste de se nourrir d'un quignon de pain frotté à l'ail.
En 1901, Julien Bessonneau regroupe toutes les manufactures de chanvre d'Angers, qui sont au nombre de neuf en 1847, en une société unique, la ''Société anonyme des Filatures, Corderies et Tissages d'Angers'' (safcta). C'est un administrateur hors pair qui finit par détenir 60 % du capital de la nouvelle société. Il crée également une caisse de secours pour les ouvriers, des crèches (car le personnel est essentiellement féminin avec de faibles salaires), une harmonie musicale et des équipements sportifs. La constitution d'un club sportif, à la fin de l'année 1912, met une touche finale à la longue série de réalisations sociales. Mais ses ouvriers appelent l'usine ''Goussepain'', en raison de leurs faibles salaires qui leur permettent tout juste de se nourrir d'un quignon de pain frotté à l'ail<ref name="mairie-2015">Mairie d'Angers, [https://web.archive.org/web/20071031222416/http://www.angers.fr/index.php?id=51249 1919 - Bessonneau]<sup>[archive]</sup>, consulté le 16 novembre 2015.</ref>{{,}}<ref name="jbouvet-1996">Jacques Bouvet, ''Bessonneau in corpore sano : Un exemple de sublimation du sport dans les mentalités patronales de la Belle Epoque'', dans ''Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest'', tome 103, numéro 2, 1996, p. 93-113.</ref>.


À sa mort, en 1916, son empire industriel passe en succession à son fils Julien Bessonneau (1880-1960), qui devra démissionner en 1921. Il sera aussi député de la 1{{re}} circonscription de Maine-et-Loire de 1919 à 1924<ref>Assemblée nationale, [http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=763 Julien Bessonneau (1880 - 1960)], consulté le 16 novembre 2015.</ref>.
À sa mort, en 1916, son empire industriel passe en succession à son fils Julien Bessonneau (1880-1960), qui développe l'activité et devient aussi député de la 1{{re}} circonscription de Maine-et-Loire de 1919 à 1924. À la suite de sa gestion hasardeuse, il démissionne de l'entreprise en 1921<ref>Assemblée nationale, [https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/763 Julien Bessonneau (1880 - 1960)], consulté le 16 novembre 2015.</ref>.


L'entreprise se diversifie : câbles électriques, maisons en bois préfabriquées à toits en ardoise de [[Trélazé]], hangars en bois pour l'aviation.
L'entreprise se diversifie : câbles électriques, maisons en bois préfabriquées à toits en ardoise de [[Trélazé]], hangars en bois pour l'aviation :
* En 1917, fabrique de câbles métalliques de la [[Ardoisières de Trélazé|Commission des Ardoisières]] ; elle sera officiellement inaugurée le 27 décembre 1919 à Montrejeau ;
* Lancement en 1917 d'une fabrique de câbles métalliques de la [[Ardoisières de Trélazé|Commission des Ardoisières]], officiellement inaugurée le 27 décembre 1919 à Montrejeau ;
* Les petites maisons en bois préfabriquées<ref>Louis Le Bail, [http://maisonbois60.blogspot.fr/2011/06/histoire-angevine.html Bessonneau : les petites maisons en bois des Batignolles], du 10 juin 2011.</ref>dont l'isolation n'était pas excellente, ont été livrées après-guerre dans de nombreuses cités ouvrières, comme celle de Batignolles<ref>Jacques Bouvet, ''Besonneau Angers'', Société des Études Angevines, mars 2002, Archives municipales d’Angers, 13 Fi (albums de photographies).</ref> ;
* Fabrication de petites maisons en bois préfabriquées<ref>Histoire Angevine (Louis Le Bail), [https://maisonbois60.blogspot.com/2011/06/histoire-angevine.html Bessonneau : les petites maisons en bois des Batignolles], du 10 juin 2011.</ref>, dont l'isolation n'est pas excellente, livrées après-guerre dans de nombreuses cités ouvrières, comme celle de Batignolles<ref name="bouvet-2002" /> ;
* Les hangars démontables transportables ont été massivement utilisés pendant la première guerre mondiale, par le Royal Flying Corps<ref>Wikipédia (en), [http://en.wikipedia.org/wiki/Bessonneau_hangar Bessonneau hangar], version du 16 novembre 2016.</ref>.
* Création d'hangars pour avions et dirigeables (les ''Bessonneau'') massivement utilisés pendant la Première Guerre mondiale par le Royal Flying Corps<ref>Wikipédia (en), [https://en.wikipedia.org/wiki/Bessonneau_hangar Bessonneau hangar], version du 16 novembre 2016.</ref>.


1920 : Les établissements Bessonneau emploient {{formatnum:10000}} personnes à Angers. Les trois usines d'Angers couvrent plus de cinquante-neuf hectares, du Mail à la gare Saint-Laud. Des cartes postales anciennes permettent de revivre l'activité en usine et l'heure de la débauche. Il y avait aussi beaucoup d'employés à domicile. L'entreprise s'adjoint des services annexes : imprimerie, atelier de vannerie pour les expéditions.
Dans les années 1920 les établissements Bessonneau emploient {{formatnum:10000}} personnes à Angers. Les trois usines d'Angers couvrent plus de cinquante-neuf hectares, du Mail à la gare Saint-Laud. Des cartes postales anciennes permettent de revivre l'activité en usine et l'heure de la débauche. Il y a aussi beaucoup d'employés à domicile. L'entreprise s'adjoint des services annexes : imprimerie, atelier de vannerie pour les expéditions<ref name="mairie-2015" />{{,}}<ref name="of-11juill2017">Ouest-France (Benoît Robert), ''Angers. Les belles années de l'usine Bessonneau, l'empire industriel'', 11 juillet 2017.</ref>.


1944 : L'usine de l'Ecce-Homo est détruite par les bombardements de mai. Un nouveau quartier prend sa place en 1947.
L'usine de l'Ecce-Homo est détruite en [[1944]] par les bombardements de mai. Un nouveau quartier prend sa place en 1947. Les Établissements Bessonneau souffrent d'une grave crise. C'est le déclin de l'entreprise qui aura longtemps fait la renommée industrielle de la capitale angevine. On démolit l'usine du Mail, après une série de licenciements qui ont fait tomber l'effectif de {{formatnum:4800}} salariés en 1946 à {{formatnum:2300}} en 1959, puis {{formatnum:1700}} en 1961<ref name="mairie-2015" />{{,}}<ref>Jacques, ''Chronique angevine'', dans ''Norois'', n° 42, avril-juin 1964, p. 258-259.</ref>.


1964 :  La [[Mines de charbon des Malécots‎|mine des Malécots]] cesse son exploitation du charbon en 1964. Elle servait à alimenter les machineries de la fabrique Bessonneau depuis 1942. C'est aussi la fin de l'extraction du charbon en Anjou.
La [[Mines de charbon des Malécots‎|mine des Malécots]], qui servait à alimenter les machineries de la fabrique Bessonneau depuis 1942, cesse son exploitation du charbon en 1964. C'est aussi la fin de l'extraction du charbon en Anjou<ref>Association Sainte-Barbe des mines (François Martin), ''Les Malécots : un site mémoire sur la Corniche Angevine'', avril 2010.</ref>.


1966 : Fin de l'activité textile, suite à la concurrence des fibres synthétiques.
Les tentatives de redressement des établissements Bessonneau se soldent par un échec. La dissolution de la société est rendue publique fin 1965 : le département métallurgique est cédé à la Tréfilerie et Câblerie de Bourg-en-Bresse, et les ateliers de tissage, teinture et confection sont pris en charge par la Société Trigano. L'activité textile s'arrêtera en 1966, suite à la concurrence des fibres synthétiques, et l'activité sidérurgique fermera définitivement en 1974. La liquidation des activités s'achève en 1976<ref name="mairie-2015" />{{,}}<ref>Jacques Jeanneau, ''Chronique angevine'', dans ''Norois'', n° 50, avril-juin 1966, p. 296-297.</ref>{{,}}<ref name="of-11juill2017" />{{,}}<ref>''Fonds des Établissements Bessonneau'', Archives départementales de Maine-et-Loire (cote 98 J).</ref>.
 
1974 : Fermeture définitive du secteur sidérurgique.


== Témoignages ==
== Témoignages ==
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Fichier:Bessonneau - Parcours Histoire d'Angers - 2.jpeg|"Marmotte" de représentant en fils.
Fichier:Bessonneau - Parcours Histoire d'Angers - 2.jpeg|"Marmotte" de représentant en fils.
Fichier:Bessonneau - l illustration 9 fevrier 1918.jpg|[[Magazine L'Illustration du 9 février 1918 - Bessonneau|Annonce Bessonneau]].
Fichier:Bessonneau - l illustration 9 fevrier 1918.jpg|[[Magazine L'Illustration du 9 février 1918 - Bessonneau|Annonce Bessonneau]].
Fichier:bessonneau angers usine du mail.jpg|L'usine du mail.
Fichier:bessonneau_obligation_1000f_1938.jpg|Obligation Bessonneau.
Fichier:bessonneau_angers_usine_du_mail.jpg|L'usine du Mail.
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Bibliographie
Bibliographie
:• ''La Société anonyme de filatures, corderies et tissages d'Angers, anciennes maisons Bessonneau'', Max Richard et Joubert Bonnaire réunies, 1910.
:• {{Ouvrage |auteur=Julien Bessonneau |titre=La Société anonyme de filatures, corderies et tissages d'Angers, anciennes maisons Bessonneau, Max Richard et Joubert Bonnaire réunies (Exposition internationale de Bruxelles 1910) |éditeur=G. Grassin |lieu=Angers |collection= |année=1910 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |bnf=31810818 }}.
:• F. Lenel, S. Potiron, ''Historique des manufactures et usines de la société Bessonneau (1750-1920)'', Angers, éd. de l'Ouest, 1920, 311 p., 20 p. de pl.
:• {{Ouvrage |auteur=Maurice Poperen |titre=Filassiers, cordiers et toiliers d'Anjou |éditeur=Travail et culture (publication de l'association Travail et culture de Maine-et-Loire) |lieu=Angers |collection= |année=1981 |volume= |tome= |pages totales=144 |passage= |isbn= |bnf=36602421 }}.
:• Maurice Poperen, ''Filassiers, cordiers et toiliers d'Anjou'', 1981 ([http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb36602421s/PUBLIC notice BnF]).
:• {{Ouvrage |auteur=Jacques Bouvet |titre=Bessonneau - Angers |éditeur=Société des études angevines |lieu=Angers |collection= |année=2002 |volume= |tome= |pages totales=251 |passage= |isbn=978-2-9055-7003-1 |bnf=40076569 }}.
:• Jacques Bouvet, ''Bessonneau - Angers'', Angers, Société des études angevines, 2002, 251 p. ([http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40076569q/PUBLIC notice Bnf], ISBN 9782905570031).
:• {{Ouvrage |auteur=F. Lennel et J. Potiron |titre=Histoire des manufactures et usines de la société Bessonneau, 1750-1920 |éditeur=Le Livre d'histoire |lieu=Paris |collection=Monographies des villes et villages de France |année=2017 |volume= |tome= |pages totales=311 |passage= |isbn=978-2-7586-0981-0 |bnf=45424391 }}.


Sources et annotations
Sources et annotations