1348
1348 en Anjou
Peste noire en Anjou : La peste noire se répand en Anjou à la fin de l'année 1348. La maladie s'étend de rue en rue, envahit toute la ville puis les bourgs voisins. Elle fait rage dans tout l'Anjou durant près d'un an. Il règne alors une grande mortalité. Environ un tiers de la population est touchée, les campagnes sont en partie dépeuplées et les bras manquent au labour. Une grande famine s'en suit et la désolation règne bien après la peste. Cette vague pandémique qui touche toute l'Europe, fait périr plusieurs dizaines de millions de personnes en ce milieu du XIVe siècle. Après plusieurs années de calme, la maladie frappera à nouveau la province en 1362[1],[2],[3].
« L'année 1348, si néfaste dans nos annales par les fléaux qu'elle vit se déchaîner, causa en Anjou d'épouvantables ravages. La peste noire s'abattit sur cette malheureuse province, et enleva un tiers de la population : les villes présentaient l'aspect d'un vaste cimetière, les fossoyeurs ne pouvaient suffire à enterrer les morts, et on fut obligé de jeter les cadavres dans des trous béants remplis de chaux vive ; au sommet des églises flottait un drap noir en signe de deuil, les glas funèbres retentissaient de tous côtés, les convois encombraient les chemins et les campagnes étaient désertes (Monteil). Les chapelles regorgeaient de fidèles, agenouillés aux pieds des autels, implorant dans des prières publiques la clémence du ciel ! A ce sombre fléau vint bientôt s'ajouter la famine qui dura quatre ans : on vendit le froment dix-huit livres le septier, soit quinze livres de valeur actuelle (Hiret, Antiquités d'Anjou). »
— A. Joubert, 1869[4]
La peste noire en Anjou de 1348 à 1362.
1348 en France
Philippe VI de Valois est roi de France (1328-1350). Jean II le Bon, sont fils, est comte du Maine et d'Anjou et duc de Normandie.
1348 dans le monde
Venise subit un violent tremblement de terre le 25 janvier 1348, qui fait de nombreuses victimes et détruit plusieurs édifices de la ville. L'Autriche subit également une série de tremblements de terre en fin d'année.
Pandémie de peste en Europe : La peste noire sévit dans toute l'Europe en ce milieu du XIVe siècle. Après être apparue en Asie, peut-être en Tartarie, Perse et Caucase, la peste noire est en 1346 en Crimée, pays de l'Europe de l'Est sur la mer Noire. La maladie arrive en Europe de l'Ouest par des navires ; en Sicile à Messine en octobre 1347 par des vaisseaux gennois revenant de comptoirs de Crimée, et en décembre à Marseille, là aussi par un navire. En janvier 1348 elle touche trois ports italiens, Gênes, Venise et Pise, puis en mars elle est à Florence et en Toscane. En France, d'Avignon, carrefour à l'époque de l'Occident, la peste se diffuse de toutes parts. Entre février et mai, Narbonne, Montpellier et Carcassonne sont touchées. En avril elle est à Toulouse puis à Agen, et entre juin et août, elle est à Bordeaux, Lyon et Paris. En août, elle ravage la Bourgogne et fin novembre Angers et l'Anjou. L'épidémie atteint également en fin d'année l'Angleterre et les Pays-Bas, et l'année suivante elle touche l'Allemagne, l'Autriche, l'Écosse, la Scandinavie et aussi l'Espagne[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11].
La maladie bouleverse la vie de la cité. Si on reconnait vite son aspect contagieux, les médecins n'ont pas encore les moyens de découvrir comment elle s'attrape. Des mesures d'hygiène publique sont prises un peu partout, mais les outils préventifs sont dérisoires : masques pour les soignants, feu pour les habits des défunts et chaux pour les corps. On ferme les portes des cités. Entre un quart et un tiers de la population européenne disparaît[12],[7],[13],[11].
« Quel cruel fléau nous afflige. Un peuple a péri et périt tous les jours. Les villes, les châteaux, les villages sont déserts ; dans plusieurs campagnes il ne reste plus personne pour semer, pour lever la récolte. Plusieurs maisons sont sans un seul habitant : des familles entières ont été emportées si bien qu'il ne reste aucun parent pour succéder aux biens des morts. »
— Gilbert de Cantobre[14]
Après l'épidémie des VIe et VIIe siècles (peste de Justinien), ayant touchée le bassin méditerranéen, c'est la deuxième pandémie de peste de l'Histoire. Le fléau fera sa réapparition aux XVIe et XVIIe siècles, et jusqu'au début du XVIIIe. Les premières mesures préventives d'isolement et de désinfection seront instaurées par les pouvoirs en place dès la fin du XIVe siècle[15],[16].
- ↑ Elizabeth Verry et Jean-Luc Marais (avec la participation de Patrick Le Nouëne), Histoire et art, dans Anjou Maine-et-Loire, Éd. Christine Botton (Paris), 2010, p. 36
- ↑ Émile-François Farge, La peste noire en Anjou (1348-1362), dans Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, Troisième année, tome premier, Libr. de Cosnier et Lachèse (Angers), 1854, p. 82-96 (lire)
- ↑ Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, t.1, P. Lachèse, Belleuvre & Dolbeau (Angers), 1874, page XVI
- ↑ A. Joubert, Invasions anglaises en Anjou, dans Revue historique, littéraire et archéologique de l'Anjou, Deuxième année, tome second, Impr.-libr. E. Barrassé (Angers), 1869 p. 113
- ↑ Arthur Bordier, La géographie médicale, C. Reinwald libr.-édit. (Paris), 1884, p. 256
- ↑ Robert Fossier et Jacques Verger, Histoire du Moyen Âge - tome IV (XIIIe-XVe siècle), Éditions Complexe (Paris), 2005, p. 15
- ↑ a et b Stéphane Barry et Nobert Gualde, La Peste noire dans l'Occident chrétien et musulman 1346/1347 – 1352/1353, Ausonius Éditions (Bordeaux), 2007, p. 193-227
- ↑ Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste : Orvieto et la peste noire de 1348, Impr. nationale (Paris), 1962, p. 99-100
- ↑ Louis-Phocion Todière, L'Angleterre sous les trois Édouard, premiers du nom, de la dynastie des Plantagenêts, Troisième édition, Alfred Mame et fils éditeurs (Tours), 1873, p. 278
- ↑ Pierre Gras, Le Registre paroissial de Givry (1334-1357) et la Peste noire en Bourgogne, Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 100, 1939, p. 307
- ↑ a et b L'Obs (François Reynaert), De la peste au coronavirus : 7 choses à savoir sur l'histoire des épidémies, 22 mars 2020
- ↑ Johan Goudsblom, Les grandes épidémies et la civilisation des mœurs, dans Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 68, juin 1987, Épidémies, malades, médecins, p. 3-14
- ↑ Histoire du Moyen Âge par Fossier et Verger, op. cit., p. 16
- ↑ Sylvie Mouysset, La peste de 1628 en Rouergue, dans Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 105, no 203, 1993, Épidémies, pauvreté et assistance du Moyen Âge au XIXe siècle, p. 329-348
- ↑ Encyclopédie Larousse (société Éditions Larousse), Peste, 2013-2020
- ↑ Henri H. Mollaret, Le cas de la peste, dans Annales de démographie historique, 1989, Le déclin de la mortalité, p. 101-110
550 —
843 —
960 — 987 —
XIe — 1001 — 1040 —
XIIe — 1101 —
XIIIe — 1201 —
XIVe — 1301 — 1348 — 1382 —
XVe — 1401 — 1434 — 1463 — 1473 —
XVIe — 1501 — 1515 — 1522 — 1529 — 1576 —
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