Château de Saint-Offange
Datant du Moyen Âge, les ruines du château de Saint-Offange se trouvent sur la commune de Rochefort-sur-Loire, en Maine-et-Loire, sur l'un des trois pitons rocheux de sa vallée. La place forte va jouer un rôle de premier plan au temps de la rébellion du duc de Mercœur.
Situation
Rochefort se situe dans la vallée angevine à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest d'Angers, sur la rive gauche de la Loire[1].
Les ruines du château de Saint-Offange (XIIIe siècle) se trouvent sur un rocher, vestige d'un volcan dans la vallée de Rochefort ; des intrusions volcaniques ayant été dégagées par la Loire à cet endroit, laissant émerger trois pointements rocheux[2],[3]. Le site est initialement classé en 1943 (arrêté du 20 juillet 1943, site protégé inscrit comprenant notamment les ruines), puis remplacé en 2003 par le classement du site de la Corniche Angevine (arrêté du 11 février 2003, comprenant une zone d'environ 2 390 hectares)[4].
Localisation : Château de Saint-Offange, Le Grand Commun, Chemin de la Pierre Blanche, Rochefort-sur-Loire (sur OSM).
On trouve également sur ce territoire les châteaux de Dieuzie et de Saint-Symphorien.
Histoire
C'est plus bas, dans la vallée, que s'établit le village féodal. Un château-fort est érigé sur l'un des trois blocs ; dénommé Rupes Fortis et qui donnera son nom à Rochefort. La position du château est forte et justifie son nom. Il est dressé sur un piton rocheux aux parois verticales et protégé par des fossés. Sa situation en fait un verrou sur la Loire et les routes des deux rives[5],[6].
Le lieu est occupé pendant les guerres de Religion (seconde moitié du XVIe siècle) par les trois frères Saint-Offange. La place nargue royaux et protestants. Seigneurs de la ligue de l'Union des Catholiques, qui prône l'éradication du protestantisme du royaume de France, les frères s'opposent à Henri IV. Ils tiennent le passage du fleuve et coupent les communications avec Saumur, et sont soutenus par Mercœur, gouverneur de Bretagne, qui voit en Rochefort un poste avancé en Anjou pour pouvoir s'emparer d'Angers. Malgré un siège et des attaques menées par Puycharic, sénéchal d'Anjou et gouverneur du château d'Angers, et La Rochepot, gouverneur de l'Anjou, le château résiste. Pour obtenir la paix, le roi achète leur reddition six ans plus tard, en 1598, pour quelques 6 000 écus. Il fait détruire la place forte l'année suivante, dont il ne restera qu'un pan de mur du donjon[2],[5],[7],[8],[9],[6].
Dans la Revue de l'Anjou de 1852[10] : « Sur la fin de l'été de cette année, le prince de Conty, assisté du maréchal d'Aumont et des seigneurs et gentilshommes qui avoient été au siège de Craon, rassembla une armée des débris de la précédente, et, avec les troupes du maréchal et quelques nouvelles levées, alla assiéger le château de Rochefort, place très forte, comme son nom le témoigne, située en une île ou pré, sur le bord de Loire, à trois lieues d'Angers. Le siège y fut planté au mois de septembre, et la place battue de loin avec grande furie, y ayant été tiré plus de deux mille coups de canon. Mais d'autant que ce château est dans une plaine ou prée toute découverte, et qu'il fallut dresser les batteries assez loin, il ne fut point fait de brèche raisonnable : c'est pourquoi les assiégeants voyant la vigueur avec laquelle se défendait Amaury de Saint-Offange, seigneur de la Saulaye, qui commandait en ce château, et sachant que François de Saint-Offange, frère d'Amaury, après avoir sollicité le duc de Mercœur, en avait obtenu un puissant secours avec lequel il venait en Anjou, il fut résolu dans l'armée royale de lever le siège sans attendre l'ennemi. Le siège fut donc levé, le 12e jour de décembre, et les Royaux se retirèrent sans y avoir fait de perte considérable. Les sieurs de Pichery et de Magnanne furent blessés, et le baron de Saint-Georges tué ; mais une grande partie du peuple de la paroisse de Rochefort et des environs, qui s'étoit retiré en ce château au commencement du siège, y mourut de misère et de pauvreté. Dans l'armée du prince de Conty étaient René Du Bellay seigneur dudit lieu, Martin Du Bellay seigneur de Commequiers son fils, Pierre de Laval seigneur de Lezay, François de la Tour-Landry comte de Châteauroux, le marquis de Noirmoutier, François de Daillon comte du Lude, Charles de Chambes comte de Montsoreau, Pierre Du Bellay seigneur de la Courbe et de Raguin, Mathurin de Montalais seigneur de Chambellay, René de Rougé seigneur des Rues, N.... de Savonnières seigneur de..., René de la Grezille seigneur de la Tremblaye, Charles Le Roux seigneur de la Roche-des-Aubiers, René Pierres seigneur de Belle-Fontaine, Anne de Coisnon seigneur de Briacé, Palamède de la Grandière seigneur dudit lieu, Claude de Racapé seigneur de Magnanne, qui y fut blessé, Pierre de Limesle seigneur de la Bouveraye, et autres gentilshommes d'Anjou et plusieurs du Maine et du Poitou.
Le siège de Rochefort ne fut pas plus tôt levé que le secours que le duc de Mercœur envoyait aux assiégés arriva, sous la conduite de don Juan d'Aquila, Espagnol, François de Saint-Offange et autres capitaines bretons et angevins. Cette armée assiégea les châteaux de la Possonnière et de la Roche de Serrant, dit anciennement la Roche-au-Moine, qui se rendirent incontinent ; et à cause qu'ils empêchaient les courses de la garnison de Rochefort, les victorieux les firent raser. »
Nom de Saint-Offange
Saint-Offange est le nom moderne donné à la place depuis les frères Saint-Offange (XVIe siècle), Arthur, François et Amaury.
Saint-Offange est le nom d'une famille. Implantée en Anjou à la fin du XIVe siècle. Elle posséde alors de nombreux domaines en Anjou : les terres et château de la Beuvrière à Grez-Neuville, la Rivière d'Orveaux à Loiré, les terres d'Armaillé et de l'Anjouère à La Pouëze, l'Eperonnière à Saint-Aubin-de-Luigné, la Roirie près de Segré, la Douanerie à Vauchrétien, le Hurtault au Voide[2].
Autres sites classés
Autres sites classés sur la commune[4] :
- L'église Sainte-Croix ;
- Les rochers de Saint-Offange, de Saint-Symphorien, de Dieusie et leurs abords (site naturel classé) ;
- Le site de la Corniche Angevine ;
- Le site formé par la confluence et les coteaux angevins.
Ruines du Château de St Offange, Rochefort-sur-Loire. Jean-Michel Robineau.
Notes
À ne pas confondre avec le château de Saint-Offenge en Savoie.
Sur le même sujet
Sources et annotations
- ↑ IGN et BRGM, Géoportail Rochefort-sur-Loire 49, avril 2013
- ↑ a b et c Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. IV (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996, p. 199 (Saint-Offange)
- ↑ Dominique Oudot, Les îles de la Loire angevine armoricaine, dans Norois n° 142, avril-juin 1989, p. 205-223
- ↑ a et b Service départemental de l'architecture et du patrimoine (SDAP), Protections sur la commune de Rochefort-sur-Loire, mars 2010
- ↑ a et b Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. IV (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996 (2e éd.), p. 467-475 (Rochefort)
- ↑ a et b Bertrand Boquien, Les enjeux stratégiques pour la dénomination du pays et le contrôle de la Loire, dans La Loire, la guerre et les hommes : Histoire géopolitique et militaire d'un fleuve, Jean-Pierre Bois (dir.), Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 98
- ↑ Le Courrier de l'Ouest, Découvrir les « roches fortes », journal du 3 août 2017, p. 10 (entretien avec Jean-Louis Robin)
- ↑ Jacques Boussard, Histoire de l'Anjou, dans Visages de l'Anjou, coll. Provinciales, Éd. Horizons de France (Paris), 1951, p. 68
- ↑ Élizabeth Verry et Jean-Luc Marais (avec la participation de Patrick Le Nouëne), Histoire et art, dans Anjou Maine-et-Loire, Éd. Christine Botton (Paris), 2010, p. 45
- ↑ Barthélemy Roger, Histoire d'Anjou dans Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, première partie, tome premier, libr. de Cosnier et Lachèse (Angers), 1852, p. 453-454