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Montrevault
Moyen Âge
1178 : Le seigneur Maurice Leborne fonde à Bohardy — Bour Hardy — la chapelle St-Jean où le curé de St-Rémy doit assurer trois messes par semaine. La traversée de l’Èvre à gué pour se rendre à St-Nicolas sur le rocher pourtant tout proche, est loin d’être aisée et possible toute l’année. D’où cette obligation pour le prêtre-desservant de St-Rémy. La coutume va perdurer pendant des lustres, longtemps après la construction du pont.
À la fin de ce siècle, le seigneur de Montrevault confie aux moines de Saint-Jouin-de-Marnes, en Poitou, le premier grand défrichement de la forêt d’origine s’étendant sur une grande partie des territoires relevant de son château. Cette végétation nombreuse n’est pas une exception locale. Il faut déboiser pour exploiter des terres en développant l’étendue des paroisses et des églises. Les forêts de Leppo, de la Foucaudière, ou les bois de la Bellière et de Noiselet restent les traces de cette forêt primitive. Durant ces premiers siècles du second millénaire, le servage reste la loi des populations rurales.
Du XIIIe au XVe siècle : Mons-revelle ou rebelle
Dame Corinde, est signalée vicomtesse du lieu.
1226 : Début du règne de Louis IX (Saint-Louis † 1270) dont la branche aînée avec Philippe III, s’éteint en 1328.
1238 : Béatrice, fille de Corinde de Montrevault, épouse Guy de Châteaubriant.
1250 : Le terme Monrevelle désigne la forteresse sur le rocher. Durant ce siècle, l’ordre militaire des Templiers, dont deux commanderies voisinent avec les terres du descendant de Foulques Nerra, se voit confié la seconde phase du défrichage de l’espace. Quarante paroisses s’étendant des Ponts-de-Cé jusqu’à Pirmil à Nantes doivent une contribution à la commanderie de Villedieu, paroisse de la Blouère.
1256 : naissance de Robert de Clermont, sixième fils de St-Louis. Il appartient à la filiation d’Henri IV, par son mariage avec Béatrice de Bourbon.
Une branche des familles de Clermont possèdera la terre de Montrevault dans un siècle et demi.
1270 : Fondation de la collégiale Saint-Pierre-Montlimart. L’église « à Malo Marte » est composée de huit chanoines dont quatre sont sous la nomination de l’évêque d’Angers et quatre à la présentation du seigneur de Montrevault qui nomme ce chapitre « Saint-Pierre de Montrevault » . Il s’agit de Jean de l’Isle-Bouchard, époux de l’héritière du lieu, Aimeri de Gonnord.
1360 : Guy Turpin reçoit par mariage la seigneurie du Petit-Montrevault tandis que le Connétable de France, Olivier IV de Clisson qui possède cette fortifiée sur la Sèvre nantaise, engage une guerre contre le duc de Bretagne.
1392 : Se méfiant de l’Anjou, le duc nantais lance ses troupes qui assiègent et prennent la cité montrebellienne. Elle passe ensuite, avec le Petit-Montrevault dans la famille de Turpin-Crissé.
À partir de cette époque l’imbrication des châtellenies du Petit et du Grand Montrevault est irréversible et confirme les jumelages qui se sont déjà concrétisés au cours des siècles entre les deux voisines. La seigneurie unifiée totalise soixante feudataires ou vassaux qui en dépendent. Dans le même temps, la châtellenie de Beaupréau en compte dix-neuf.
1416 : Premier signalement de René de Clermont, seigneur de Montrevault (le lien dynastique avec Robert de Clermont († 1318) sixième fils de Louis IX est à préciser).
Quoi qu’il en soit, le vicomte est déjà le destinataire de comptes-rendus pour le recouvrement des recettes, impôts locaux et mises en deniers de Bohardy et autres fiefs concernant les productions agricoles de ces tenures : froment, seigle, vin, pourceaux, foin, bois, mais aussi gages d’officiers, frais de récoltes et d’assises.
1420 : Reconnaissance ou « aveu » du vassal Jehan Levasseur, seigneur de Briacé, au Landreau envers René de Clermont. Il apparaît cependant difficile aux régisseurs des biens de la vicomté de rester en lien étroit, permanent et par conséquent fiscal avec des concessions d’au-delà de la rivière. En maintes périodes et malgré les gués et chaussées qui jalonnent déjà le cours de l’Èvre, les passages d’une rive à l’autre demeurent aléatoires.
Depuis des temps les plus anciens, les centres villageois et paroissiaux comme St-Quentin ou St-Pierre-Montlimart installés depuis des siècles sur le plateau des hautes Mauges restent géographiquement séparé des territoires de l’ouest, tournés physiquement et historiquement vers le pays des Namnètes et son port sur la Loire. La frontière naturelle et parfois infranchissable du lit de l’antique Auera sépare les Mauges en deux territoires qui attendent un trait d’union que Foulques Nerra lui-même désire, dans l’ombre de sa séculaire sépulture.
1422 : Avènement de Charles VII.
1429 : Le roi est soutenu, un peu malgré lui, par Jeanne d’Arc. Accusée de sorcellerie et de révolte contre les autorités religieuses et civiles, prisonnières des Anglais, le tribunal présidé par l’évêque de Beauvais la condamne au bûcher, à Rouen († 1431).
1440 : Procès et exécution du compagnon de Jehanne la Pucelle, seigneur aux mœurs rudes de Champtocé et Tiffauges : Gilles de Rais (le Barbe-Bleu de Ch. Perrault).
Pierre du Plantis succède à Louis de l’Isle seigneur de Montrevault, par son alliance avec Jeanne, dame de Gallerande et héritière aussi des biens de la famille Aménart.
1443 : Jeanne de l’Isle, dame du Plantis, apporte à la vicomté l’antique baronnie de Bohardy dont elle consolide le rattachement en donnant la seigneurie sur les paroisses du Fief-Sauvin, de la Chaussaire, et de Saint-Quentin et en rayonnant sur de nombreux autres fiefs.
Construction envisagée d’un pont pour relier les deux seigneuries.
1453 : Fin de la Guerre de 100 ans.
1454 : Nouvel aveu envers Jeanne de L’Isle, dame du Grand Montrevault.
1458 : Deux aveux des sieurs J. de Vaugirault et J. Cussonneau sont advenus envers Louis ou Loys de Clermont, vicomte. La terre de Montrevault est alors en indivision avec celle des Clérembault à cause de Catherine de Plantis, ou du Planty, épouse d’Antoine. Ce dernier, fils de Gilles Clérembault, naît en 1416. Devenu orphelin à la mort de son père en 1423 il est alors l’objet d’un rapt en l’église Saint-Martin d’Angers. Cet enlèvement violent est perpétré durant la messe par une quinzaine de gens en armes qui en veulent aux 2000 livres de rente de l’héritier de la longue lignée des Clérembault dont un ancêtre, du nom de Philippe, est signalé vers 1050. Les auteurs, familiers de la mère Jehanne Sauvage, des cousins de la Tourlandry entre autres, ne respectent en rien la zone franche et sacrée que constitue tout lieu de culte. Il va falloir les lettres patentes du roi Charles VII pour rappeler le bon droit.
Plus tard, Antoine, bien remis des avatars de son enfance, est dit seigneur de Montrevault et de Bohardy grâce à l’alliance avec les du Planty.
1461 : mort de Charles VII, avènement de Louis XI.
1465 : construction du pont de Bohardy.
1478 : Premières déclarations et procurations pour des hommages rendus par les seigneurs de Clérembault, de la Bourgonnière, et de Toulongeon envers le siège de la vicomté.
1480 : Nouvelles recettes et mises — impôts — sont enregistrées et destinées à Louis de Clermont.
Le seizième siècle
1501-1511 : Où l’on découvre la suite de comptes-rendus rédigés envers messires Louis et René de Clermont, héritiers du seigneur Gilles de Clérembault par sa veuve Jeanne Chapperon.
1515 : François 1er roi de France.
1523 : Le 8 mai, Jacques Turpin, par alliance, sire de Montrevault de la Tremblaye et de la Grésille est chargé par François 1er de combattre les pillards de la bande à Comarques, qui rançonnent les campagnes angevines.
Le seigneur du lieu doit non seulement s’appuyer sur la noblesse angevine mais aussi, précise le roi, sur les communautés villageoises pour « n’en épargner aulcun et ainsi les abandonnons et déclarons comme nos ennemis et persécuteurs de la chose publique de notre royaume ». Le seigneur Turpin a donc suffisamment de relations et est assez riche pour rassembler des cavaliers et rétablir l’ordre.
1547 : Mort de François 1er, avènement de Henri II, Catherine de Médicis reine de France.
1558 : La jeune princesse Margot — 5 ans — dit préférer le petit marquis de Beaupréau au futur duc de Guise, pourtant plus beau mais moins sage !
1560 : Avènement de Charles IX.
1562 : Le marquisat de Beaupréau est érigé en duché.
1563 : Charles IX, 13 ans, se proclame majeur en une séance solennelle au parlement de Rouen.
1564 : 17 janvier, la cour quitte Saint-Maur et ce même mois, une ordonnance royale réglemente désormais police et justice dans le royaume. Le dernier des trente-neuf articles fixe au premier janvier le début de l’année civile. Auparavant, l’année liturgique avec la fête mobile de Pâques marque, depuis des siècles de christianisme, le premier jour de l’an.
Lundi 13 mars, après une période de quarante trois jours de préparatifs à Fontainebleau, c’est le départ de la famille royale et de la cour pour le grand tour de France qui va durer 26 mois.
1565 : En octobre, passage du roi de France, Charles IX, à Montrevault.
1566 : 1er mai, retour de la cour de France à Paris.
1572 : Massacres de la St-Barthélémy. Les guerres de religion ravagent paris et les provinces.
1583 : Le château de Jacqueline de Clermont — Jacquine Clérembault — veuve de Pierre de Laval, subit les contre-coups des opérations militaires opposant le parti protestant à la Sainte-Ligue.
Sous le règne des Bourbons
1589 : Non sans oppositions, Henri de Navarre succède à Henri III qui règne depuis 1574. Henri IV abjure le protestantisme : « Paris vaut bien une messe ».
1593 : Au mois de mars, comme l’antique forteresse, la vieille église paroissiale, dédiée à Notre-Dame, est elle aussi victime des guerres de religion. S’opposant à la royauté qui veut se concilier les villes et les gouvernements de province, les hommes du capitaine de Puygreffier occupent le château de Monreveau comme on écrit alors. Les ligueurs laissent la cité démantelée.
1598 : À Nantes, le 30 avril, le roi Henri IV signe avec quatre huguenots et le secrétaire d’État Pierre Forget, le fameux édit qui reconnaît l’entière liberté de conscience, en particulier aux protestants qui jouissent désormais de l’égalité civile avec les catholiques. Le Parlement enregistrera le texte, avec difficultés, en février de l’année suivante. La coexistence pacifique de deux religions, reconnue et organisée par une loi d’Etat, n’existe à l’époque dans aucun autre pays d’Europe.
En juillet, donation est faite par partage provisionnel, de la vicomté du grand Montrevault. et baronnie de Bohardy à Georges de Clermont par « haute et puissante dame Louise de Clermont » héritière par bénéfice d’inventaire de feu messire de Clermont leur père.
1609 : 19 décembre, par adjudication, la puissante ruine revient à François Thévin de la Durbellière de par Georges de Clermont. La chapelle seigneuriale qui fait suite à celle de St-Nicolas désormais hors les murs, est dédiée dans la basse cour du château à Ste-Catherine. Malgré tout, le château de Montrevault reçoit toujours en appel les arrêts de justice de Chanzeaux et de Joué. Quant au domaine il comprend Gonnort, la moitié des moulins du Pont — à Bohardy — et de Gesté, le quart des landes du Chêne Courbet, le moulin de Point, le bois de Leppo et de la Garenne, la Roussière …
1610 : Assassinat de Henri IV, avènement de Louis XIII.
1643 : Mort de Louis XIII, son fils lui succède : Louis XIV.
1653 : 12 mars, acquêt — acquisition par mariage — de la terre, du château du Grand Montrevault et de Bohardy, par la famille Bonnin de Messignac. Ce sont les créanciers de la dynastie qui effectuent cette transaction au nom de dame Thévin, l’héritière, de Jean-François Bonnin de Messignac, marquis de Chalussière — Chalusset — commandant du château de Nantes, et du petit neveu Alphonse de Montluc.
16 mars : Mariage de Nicolas Lamoignon de Baville avec Anne-Louise Bonnin de Messignac. Le développement au cours des siècles des foires et marchés de Montrevault est attribués à ce nouveau seigneur qui fait profiter la cité de sa notoriété.
Notons par ailleurs que cette famille de magistrats, reconnue comme humaniste, joue un rôle capital dans la réforme et l’unification de la législation du royaume. Guillaume Lamoignon né en 1617 devient de son côté premier président du Parlement de Paris de 1658 à 1664.
1660 : Sur les trente deux paroisses rattachées à la vicomté au temps de la féodalité, seize restent encore sous sa juridiction et rendent foi et hommage au seigneur de Montrevault dont dépendent aussi de nombreuses fermes et la forêt de Leppo, le tout en indivision avec la châtellenie du Petit-Montrevault.
1661 : Mort de Mazarin, une des plus grandes fortunes d’Europe, parrain de Louis XIV et ami intime de la reine-mère Anne d’Autriche. Désormais, le roi va gouverner sans premier ministre.
26 avril : lors d’une adjudication par décret, le château et manoir de Montrevault font partie de la vente avec les moulins à eau de Point et de Raz-Gué, servant à battre le drap et à faire la farine. Puis l’industrie du cuir va s’installer sur les rives de l’Èvre et ce durant plusieurs siècles.
« Rappellerai-je pour mémoire les tanneries partout si nombreuses aux siècles précédents, de Saint-Florent-le-Vieil, Montrevault, Beaupréau, la Chapelle-du-Genêt … et qui sont tombés l’une après l’autre, entraînant dans leur perte mégissiers, corroyeurs et pelletiers ? » (H. Cormeau en 1912)
1667 : Au sommet du rocher dominant Bohardy, restauration et remaniement du château qui garde pendant plus de deux siècles la forme d’une belle et grande habitation à l’antique, flanquée d’une grosse tour avec cour, jardins et bosquets plantés d’ormeaux, le tout surplombant la cour de la chapelle au sud et l’actuelle rue d’Anjou en contrebas ainsi que la vallée inondable du quartier de Raz-Gué et du Pressoir.
1669 : Ce qui reste au seigneur Turpin, du comté du Petit-Montrevault, est acquit par les Bonnin de Bohardy et de Montrevault
1671 : Juillet, lettres patentes unissant, avec la baronnie de Bohardy et le fief de la Menantière, le Grand et le Petit Montrevault. Pour l’heure, Marie-Urbaine de Maillé-Brézé, veuve de Charles Turpin, obtient titre de noblesse - et de propriété - Elle doit en rendre hommage au château d’Angers.
1677 : 3 juin, cession par héritage, de l’ensemble du domaine à Charles-Marie Bonnin de Messignac, fils de noble dame de Maillé-Brézé.
Armand-Louis Bonnin de Montrevault — et de Chalusset — devient évêque de Toulon en 1684
1699 : la commune compte 60 feux.
1715 : Mort de Louis XIV.
1720 : réorganisation de la maréchaussée du royaume. Désormais la généralité de Tours dont font partie les Mauges, est divisé en quatre territoires à la tête desquels un lieutenant assiste le prévôt d’Amboise. Le lieutenant d’Angers a sous ses ordres quatorze brigades en Anjou dont Cholet, Montrevault et Ingrandes à l’ouest. Elles sont constituées de cinq à dix hommes chargés du maintien de l’ordre avec mission de police générale et judiciaire.
1724 : Décès de Nicolas Lamoignon de Baville, intendant du Languedoc et seigneur de Montrevault depuis 1653. On compte alors 480 habitants dans la cité.
1739 : À Bohardy, une maison dénommée La Baronnie, conserve longtemps cette date inscrite dans un cœur et une cave de l’ancienne construction. Durant le Moyen-Age il s’agit d’un château-fort qui se doit d’y tenir sept semaines de garde.
1774 : À Versailles, Louis XVI petit fils de Louis XV lui succède.
1776 : Faute de postérité pour les familles Bonnin et Lamoignon, achat du château par le marquis Georges-Gaspard de Contades,
1785 : Cyrice Levacher, arrive à la tête de la paroisse. Originaire de Saint-Flour, ancien vicaire du Pin-en-Mauges, il tient désormais le rôle de curé.
1788 : par arrêté du grand conseil du 14 mars, la mesure locale est ramené à 13 boisseaux comme à son origine.
La période révolutionnaire
1789 : Louis XVI convoque des États Généraux. Les sujets du roi sont invités à rédiger des Cahiers de Doléances.
À Montrevault on demande l’amélioration des chemins souvent détruits par l’afflux des nombreux acheteurs des foires et marchés. La suite des événements, jusqu’en 1799, est décrite en deuxième partie.
1799 : En messidor — juillet — des Chouans, toujours actifs, s’installent et demeurent pendant près de trois mois à Montrevault avec leur chef Guesclin. Le 30 fructidor - septembre - quelques gars vigoureux de la localité se saisissent du meneur et le fusillent sur place.
An VII, Napoléon-Bonaparte devient 1er consul, après le coup d’État du 18 brumaire — novembre —.
Première moitié du XIXe siècle
1804 : Napoléon 1er, empereur.
Le 2 germinal de l’an XIII, à Montrevault, Tristan Martin démissionne de sa charge de maire qu’il assure depuis 1799. Simon-Pierre Martin lui succède.
1815 : Après Waterloo, retour des Bourbons : Louis XVIII.
1817 : Jean-François Daudé, succède à Michel Reyneau, maire de Montrevault depuis 1814.
1824 : Le traditionaliste Charles X succède à Louis XVIII.
1829 : Décès à 66 ans de Mathurin-Joseph Martin. Né à Montrevault en 1764 il exerce d’abord comme vicaire à Daumeray. Devenu réfractaire il suit le général vendéen Bonchamps jusqu’au dernier jour. Desservant la paroisse Notre-Dame de Montrevault depuis 1795, puis, payé par l’État comme curé concordataire, après les accords de 1801 il reste en fonction jusqu’à sa mort.
Venant de la cure de Pouancé, Jules Dupré le remplace et exerce son ministère jusqu’en 1833.
1830 : « Les Trois Glorieuses ». Suite à plusieurs jours de révolution à Paris, la Monarchie de Juillet installe Louis-Philippe comme roi des Français.
1832 : Pierre Tardiveau nouveau maire de Montrevault, il succède à Edmond-Michel Poirier du Lavouer élu en 1822. Le 26 avril, suite à une ordonnance royale en date du 16 juin 1830, la commune engage la somme de 6 500 F pour acquérir une maison qui fera désormais office de presbytère (rue Mermoz).
1835 : Un certain Devaux découvre et signale l’existence d’anciennes aurières au lieu-dit Petit-Montrevault.
1838 : 5 décembre, acte de vente à la commune d’une maison située dans les marches de Raz Gué et appartenant aux époux Mauget / Barré. En application de la loi Guizot du 10 juin 1833, ce bâtiment va abriter officiellement une école : la première communale.
1839 : À St-Pierre-Montlimart, création d’un atelier de charpente, par un artisan local. La sixième génération assure toujours le fonctionnement de cette importante entreprise : la société Bréhéret dont le siège social reste au n° 36 de l’avenue du Petit Montrevault.
1842 : Arrivée à la paroisse d’un nouveau gérant, nommé pro-curé. Il s’agit de l’abbé Fruchaud, né à Trémentines au début du siècle et remplaçant Joseph Briffault de Saumur, curé depuis 1833 mais qui se retire pour raison de santé.
1843 : Benjamin-Joseph Drouet, maire.
1844 : 26 août, rapport du préfet au Conseil général. Bien que riche et en progrès sous d’autres rapports, le département ne possédait que très peu d’écoles avant la loi sur l’enseignement primaire. Or, dit-il : « l’arrondissement de Beaupréau présente une exception bien honorable. Il est le seul dont pas une commune ne manque de ce premier élément de civilisation. »
Le vicaire Dominique Fruchaud devient curé de Montrevault et ce jusqu’en 1886.
1848 : Seconde République en France. Pour l’Europe c’est la période du « Printemps des peuples » avec la remise en causes des anciens Régimes.
Dans les marches de Raz-Gué, la commune rebâtie l’école fondée dix ans plus tôt. Au cours du 20e siècle, ces marches vont être définitivement taillées dans la roche puis bétonnées
1851 : À Montrevault, fondation d’un comice agricole afin d’améliorer les races d’animaux employés dans l’agriculture.
1852 : 2 août : vente à M. François Chavardel marchand en blanc et à dame Jeanne Veillet son épouse « d’un morceau de terrain situé dans la cour du château au milieu de la ville et commune de Montrevault contenant deux cent quarante huit mètres carrés environ joignant au levant — côté est — Chéné et Daguin, au midi Terrien, au couchant — à l’ouest — la nouvelle rue, au nord Chesnay… Il a sur la nouvelle rue huit mètres de façade et pareille largeur dans le fond. » Il s’agit de l’acte notarié concernant le n° 12 de la rue du Château. Cette nouvelle voie encore privée va constituer alors l’accès au premier lotissement de la cité.
2 décembre : proclamation du second empire : Napoléon III.
1853 : mercredi 29 juin, le bilan des ventes au marché s’élève à plus de 1 000 têtes d’animaux. Ainsi 196 bœufs maigres ou gras, 198 vaches, 690 moutons, 60 porcs et 20 veaux font l’objet de transactions sans compter nombre de bêtes vendues directement dans les fermes.
1856 : Le projet de reconstruction de l’église est établi et elle va débuter l’année suivante.
1857 : Acquisition par la commune et construction d’une école publique de filles, tenue par les sœurs de Saint-Gildas.
1859 : 18 septembre, fin des travaux de la première tranche de l’église.
1860 : 1er juillet, la nouvelle tranche évaluée à 32 000 F est mise en chantier et le 1er décembre 1861 la nef étant terminée on y célèbre la première messe.
1862 : mardi 21 et mercredi 22 juillet, consécration de la nouvelle église.
Construction de Notre-Dame
C’est donc en 1857 que le curé Dominique Fruchaud décide de l’édification de l’église actuelle et confie la tâche aux architectes angevins Delêtre et Coutailloux. La nouvelle et grande église comprend trois nefs, de style ogival, et se situe sur l’emplacement d’un ancien édifice dont seul le chœur est d’origine. Il remonte à la fin du 16e siècle et correspond aux suites des ravages causés par les guerres de religion. Les travaux du chœur et du transept de l’église, évalués à 20 000 F commencent le 17 août.
La construction est confiée aux entrepreneurs Dublé de Saint-Florent et aux frères Tuffraux de la Chapelle-Saint-Florent. De style néogothique l’édifice occupe un des éperons rocheux de la cité, celui-ci orientant le chevet de l’église vers l’est comme il est de tradition pour les lieux de culte chrétiens. Le bâtiment occupe un espace de 750 m2 et la surface utile approche les 450 m2, comprenant la nef de 200 m2, les bas-côtés et le chœur de 100 m2 chacun, les sacristies pour le reste. Malgré l’absence d’arc-boutants, l’ensemble des caractères de l’architecture gothique sont ici observables : voûte, piliers, croisée d’ogives, clef de voûte, chapiteaux, nef, transept, bas-côté, chœur, chevet, contrefort, culée, façade … bref, l’art ogival en dur ou du moins en tuffeaux et maçonnerie dont la plupart des éléments proviennent de la carrière toute proche de la route du Fief. Les vitraux très colorés, sont installées dès la consécration de l’édifice pour les cinq du chœur et à la fin du 19e s. pour ceux de la nef. Ils donnent quelques repères historiques. On en dénombre dix sept qui vont être décrit par la suite.
Le néogothique est alors très en vogue. Il résulte d’un intérêt romantique pour le Moyen-Age et certains bâtisseurs considèrent que le gothique est le seul style d’architecture qui convienne aux églises ! En France, Viollet-le-Duc contribue grandement à la diffusion de ce courant artistique et les architectes angevins, auteurs de N.-D. de Montrevault, ne peuvent ignorer les premiers volumes du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du 11e au 16e s., rédigé de 1854 à 1868 par le restaurateur de nombreux édifices, inspecteur des monuments historiques : Prosper Mérimée.
1859 : 18 septembre, fin des travaux de la première tranche.
1860 : 1er juillet la nouvelle tranche évaluée à 32 000 F est mise en chantier et le 1er décembre 1861 la nef étant terminée on y célèbre la première messe.
1862 : En mars les ouvriers construisent le clocher achevé pour la consécration de l’église au mois de juillet.
Mardi 21 et mercredi 22 juillet, consécration de la nouvelle église Notre-Dame par Félix Fruchaud évêque de Limoges et Mgr Angebault d’Angers. La petite cité est en fête : elle attend deux éminents prélats qui doivent consacrer la nouvelle et remarquable église. Monseigneur Félix Pierre Fruchaud, évêque de Limoges, appelé par son frère, le très digne curé de Montrevault, a la faveur d’être présenté par Monseigneur Louis Laurent Angebault : « notre vénéré Pontife qui, malgré les fatigues d’une pareille cérémonie, a voulu s’associer à cette fête de famille dont il est le père bien aimé », précise la chronique.
À cinq heures, leurs Grandeurs sont arrivées aux portes de la ville, escortées depuis Beaupréau par une nombreuse et élégante cavalcade et attendues par toute la population. Là un discours de bienvenue leur est adressé par Joseph Drouet, « maire de cette commune, qui, par les paroles délicatement écrites et chaleureusement dites, a remercié Nos seigneurs d’avoir bien voulu ajouter à la majesté de notre église, l’honneur de leur présence et tout l’éclat des cérémonies épiscopales. Monsieur le Maire était fier de pouvoir présenter à leur grandeur, le nouveau monument, œuvre du dévouement et du désintéressement de tous. Après une réponse pleine d’effusion de Monseigneur de Limoges et de Monseigneur d’Angers, qui surent dire que dans le dévouement général, Monsieur le Maire avait pris l’une des meilleures parts, la procession des enfants en blanc et du clergé se mit en marche et fit passer Nosseigneurs les Évêques, sous d’élégantes arcades et mille décorations variées qui attestaient du zèle empressé et de l’élan généreux de toute la population de Montrevault ».
Arrivés à la nouvelle église, les évêques procèdent aussitôt à la bénédiction de deux cloches sorties des ateliers Bollée du Mans, renommés pour leurs sonneries. Auparavant, l’abbé Dulavouer curé de Juvardeil et enfant de la paroisse, dans un discours remarquable, rappelle combien les cloches se rattachent aux meilleurs souvenirs et aux plus grandes circonstances de la vie des paroissiens et c’est avec un rare bonheur d’expression que l’orateur dit les mystérieuses harmonies des cloches et révèle toute leur poésie religieuse et morale.
Puis aussitôt commence la cérémonie de bénédiction des deux cloches. L’une présentée à l’évêque d’Angers reçoit à son baptême les noms de Marie, Émilie, Joséphine. Elle a pour parrain Joseph Drouet, maire de la commune et pour marraine Émilie Dulavouer bien dignes, tous les deux, par leur munificence et leur pieuse générosité d’un pareil honneur. L’autre présentée à Monseigneur l’évêque de Limoges reçoit les noms de Pauline, Marie, Jeanne. Le parrain en est Monsieur Baudry, juge de paix du canton, et la marraine, Pauline Gruget que « leurs largesses et leur incessante libéralité appellent naturellement à cette noble fonction ».
C’est au milieu de la nuit que les nouvelles baptisées, dont les langues viennent d’être déliées par la vertu épiscopale, font entendre pour la première fois leurs voix harmonieuses et leurs brillants carillons. Et tous, bien que troublés dans leur sommeil acclament ces premières paroles qui désormais doivent souvent retentir à leurs oreilles et à leur cœur.
À sept heures le lendemain matin, elles appellent pour commencer la cérémonie de consécration dite par l’évêque de Limoges, selon les rites du pontifical romain. Monsieur Dulavouer l’assiste comme diacre et l’abbé Dupont comme sous diacre. Ensuite se déroule la procession des reliques des martyrs Simplicien et Crescentins, avec une grande pompe et au milieu du concours de la population toute entière, visitée par de nombreux pèlerins venus des environs. Les saintes Reliques sont déposées dans la pierre de l’autel et scellées de la main de Monseigneur de Limoges qui a ainsi accompli l’acte de consécration de l’église, mise sous le vocable de la Bienheureuse Vierge Marie, dans son glorieux mystère de l’Assomption avec la coopération de Guillaume Laurent Louis Angebault.
Après cette imposante cérémonie, le curé de la paroisse prend la parole. Il rappelle l’historique de la reconstruction de l’église, montre les difficultés et les obstacles de tout genre qu’il a fallu vaincre. Mais plein de confiance en la Providence, il s’est mis résolument à l’œuvre et secondé par la générosité de ses paroissiens, par l’intérêt plein de sympathie même des étrangers et surtout des nobles familles entourant le projet, il est arrivé glorieusement au terme de ses entreprises. Les félicitations les plus flatteuses sont adressées ensuite aux paroissiens et à leur curé.
La messe de dédicace est célébrée par Monsieur Dénéchau, chanoine honoraire de Limoges et secrétaire de Monseigneur. Après l’évangile, l’abbé Cesbron, curé de Brissac, et enfant de la paroisse, prononce un discours. Après des paroles de remerciements d’exquise délicatesse à l’adresse des évêques, l’orateur « dans une grande magnificence de langage, montre la haute signification d’une église. Il dit qu’elle est une image vivante de Jésus-Christ, qu’elle vit de la vie même de Dieu, et comme conséquence d’une si merveilleuse identification il retrace, avec beaucoup d’éloquence, sa bienfaisante influence sur la société, sur les masses, sur la vie de l’homme tout entier. L’église est à ses yeux le lien social entre les hommes, surtout dans les siècles d’égoïsme, de froids calculs et de jalouses rivalités ».
Comment ne pas se souvenir, en relisant ce compte-rendu, de ce qu’un philosophe allemand notera dans une de ses œuvres éditée à la même époque : « La religion est le soupir de la créature accablée, elle est le cœur d’un monde sans cœur comme elle est l’esprit d’un temps sans esprit … » et il achève son affirmation par quelques mots qui ont fait le tour du monde « elle est l’opium du peuple ». Il est vrai que Karl Marx ne justifie surtout pas la construction des églises, mais son analyse n’en est pas moins subtile.
Terminons en avec cette chronique : pendant la cérémonie, de jeunes musiciens, venus du May exécutent des fanfares, des morceaux de chant et des symphonies charmantes. Enfin, la messe célébrée, Monseigneur de Limoges promulgue la concession de l’indulgence selon les formes prescrites dans le cérémonial des évêques et c’est alors que le cortège composé d’un nombreux clergé, reconduit les Évêques au presbytère, au bruit (sic) des fanfares et au chant du Te Deum.
La population ivre de bonheur salue de vive voix, sur leur passage, les hôtes illustres, qui sont venus la récompenser de ses généreux efforts et marquer ce jour parmi ceux dont elle va conserver un impérissable souvenir.
Fait à Montrevault ce vingt-deuxième jour de juillet de l’an de grâce mil huit cent soixante deux. Après avoir entendu lecture du procès verbal ci-dessus, ont signé :
Félix - évêque de Limoges ; Guillaume - évêque d’Angers.
Dominique Fruchaud - curé de Montrevault, etc…
1863 : Sur les 14 825 habitants du canton, dans les statistiques publiées alors, on compte 11 793 cultivateurs, 1 200 artisans et rentiers, 930 potiers, panniers et tuiliers, 500 tisserands et 402 meuniers. De nombreux tisserands se gagent chaque été pour faire métive mais leur nombre est insuffisant car l’outillage agricole ne pénètre pas encore dans ces pays et les grandes familles sont moins nombreuses. La Bretagne fournit alors le contingent complémentaire précise Henri Cormeau. Les métiviers, hommes à gager, se présentent sur la place publique à Montrevault ou à Beaupréau lors des foires d’accueillage précédant la Saint-Jean. Ils portent deux culottes et une plus courte veste sous une blouse. Leur linge est contenu dans un sac de peau poilue, sur leur échine. Ils vont et viennent parmi les grouillements de la foire, avec la canne de houx à la main. Une feuille de houx sur leur petit chapeau affiche leur mise en location. Dès qu’un métayer réussit à conclure le marché, malgré la difficulté qui vient de l’accent dur et guttural venu de l’ouest, la feuille de houx disparaît. Après avoir débattu du gage, le fermier tape dans la main de l’étranger … mais les gros mots en langue bretonne ne sont pas compris !
À la Saint-Martin, début novembre, la tâche achevée, l’argent en poche, ils sont enchantés de retourner à pied dans leur famille. Kénavo. Ils se centralisent à Beaupréau et la bande de cent cinquante à deux cents bretons défile au pas de charge. Par la route de Gesté, d’une traite ils rejoignent Nantes où à lieu la dislocation, en attendant le printemps suivant.
Service d'eau
1864 : Antérieurement à cette année là, une première canalisation pour un service d’eau potable est projetée par des techniciens locaux qui réalisent que de plus en plus de foyers résidant sur le rocher sont confrontés au problème.
Ainsi dans un de ses cahiers, Marcelle Mylonas présente le document trouvé par hasard, en 1940, dans de vieux papiers enfouis dans le fond d’un placard. Il s’y trouve un projet de canalisation d’eau dans la ville de Montevault, établi par un « Sieur Rabouin, paysagiste, initié dans ce genre de travail ». « Il s’agira de prendre une ou plusieurs sources situées sur la route du Puiset-Doré à environ 1 600 mètres de la ville… L’eau sera distribuée dans les endroits principaux de la ville et y sera livrée au public au moyen de 5 gros robinets pris au mur ou isolés sur le milieu des places et maintenus par de gros pieds en bois goudronnés ».
Ces travaux seront réalisés pour la somme de 12 800 F à laquelle s’ajoute une somme de 800 F pour un « bélier hydraulique perfectionné système Bertho de Nantes ».
1867 : Un nouveau projet apparaît, daté du 22 août et signé d’un certain Guérin – 55, rue d’Hauteville à Paris –. L’exposé des motifs est intéressant, en voici des extraits…
« La ville de Montrevault, bâtie sur une petite éminence, n’est alimentée que par de l’eau de puits et dans les moments de sécheresse presque uniquement par les sources qui jaillissent dans les vallées en contre bas de la ville. Cette eau, vu l’éloignement et l’accès peu facile des rampes devient très onéreuse pour les habitants. L’administration municipale soucieuse du bien-être de la population saisirait avec empressement l’occasion de mettre fin à cet état de choses et de pourvoir la ville d’une eau excellente et abondante…
Malheureusement les finances de la ville ne permettent pas une dépense aussi considérable. Doit-on pour cela y renoncer ? Je ne le pense pas. Je crois au contraire que le Conseil Municipal doit persister dans son œuvre et demander à la population son appui et ses secours pécuniaires. Deux personnes honorables de la ville ont, en ma présence, offert chacune mille francs, de telles offres font espérer que les habitants seconderont nos efforts… ».
Suivent des précisions sur le captage des sources de la route de Gesté (à la Rouillère) et sur le mode de distribution avec des concessions sans compteurs (jugés trop onéreux) et à débit constant « libre à chacun d’établir chez lui un petit réservoir qui lui permet d’avoir instantanément le volume d’eau qui lui convient ».
Devis estimatif
- captage des sources : 8566,70.
- Conduite des eaux : 8076,60.
- Distribution et 2 fontaines : 5866,75.
- → Total 22 510,05 F.
- Option, lavoir couvert : 8392,56.
- → Soit 30 902,61 F.
Une longue période de silence correspond aux évènements de 1870.
En 1888, les projets se précisent. Un expert-géomètre de Beaupréau (Amaponneau ?) signe le 8 mai 1888 un nouveau projet de conduite et alimentation d’eau pour la ville de Montrevault « qui pendant les moments de sécheresse se trouve complètement dépourvue d’eau ». Ce projet confirme le captage des sources sur la route de Gesté (!), la conduite de cette eau par des tuyaux en grès et la distribution des eaux dans les différents quartiers de la ville et dans l’installation de bornes fontaines, avec un réservoir d’arrivée.
… différents détails techniques sur le débit des sources (33 120 litres en 12 heures), diamètre des tuyaux… etc.
Devis total : 19 300 F.
Dans sa séance du 30 juin 1888, le conseil municipal avec Monsieur Martin de la Roche, maire, et Me Denecheau (notaire) adjoint,
« considérant que l’établissement d’un service d’eau pour la ville de Montrevault est de toute nécessité
décide :
« que des travaux seront exécutés pour amener à Montrevault l’eau de la fontaine de la Rouillère en suivant le chemin n° 42 »
« À cet effet, le projet dressé par M. Fessard étant le plus avantageux, le Conseil l’adopte à l’unanimité. Pour payer cette dépense, le Conseil vote un emprunt de 14 000 F (durée 50 ans)…
« Les différents crédits sont inscrits au budget 1889. »
Le deux septembre 1888, la Commune achète à M. Broujard Alexandre, un terrain de 40 m2 au prix de 200 F « pour y établir un bassin destiné au service d’eau de Montrevault. »
Le 28 décembre 1888, le Conseil approuve le marché avec MM. Fessard, Mauger et Yvelin entrepreneurs de canalisations à Angers, pour 14 100 F mais « … est d’avis de surseoir à l’exécution de la conduite d’eau partant du marché aux moutons pour alimenter une fontaine publique placée au village de Bohardy, il y a lieu de faire des études spéciales pour cet objet attendu l’énorme différence de niveau existant entre le réservoir et la fontaine de Bohardy.
L’entreprise devra employer pour les travaux des ouvriers de Montrevault.
Le 3 juin 1889, le comité Consultatif d’Hygiène publique de France saisi du dossier relatif à l’alimentation en eau de Montrevault, demande des précisions complémentaires « pour connaître les mesures de protection qui auraient été prises dans le cas où les sources couleraient à découvert afin de ne pas les exposer à être polluées par les eaux de pluie et de la route » et demande une analyse complémentaire des eaux.
Le 17 juin 1889, l’entreprise donne satisfaction sur le premier point « les sources seront recouvertes, de cette manière il n’est pas à craindre que les eaux étrangères aux sources viennent se déverser dans les ouvrages ».
Le 20 juillet 1889, M. Raimbault, pharmacien à Angers transmet ses conclusions « très nettement favorables » et il ne « doute pas qu’elles parviennent à faire évanouir les craintes formulées par le Comité Consultatif d’Hygiène de Paris ».
Le 9 octobre 1889, la maison Fessard prévient d’une hausse de 2 % sur la fonte, mais maintient ses prix jusqu’au 15 et presse à passer la commande.
Le 16 octobre 1889, le Ministère de l’Intérieur fait connaître qu’il refuse l’emprunt sur 50 ans et le ramène à 30 ans. Emprunt autorisé le 17 décembre 1889 – 14 300 F à 4,40 % sur 30 ans.
Le 15 janvier 1890, le devis s’élevant à 14 300 F est retourné en Mairie après approbation par le Préfet en date du 20 décembre 1889.
Le 14 février 1890, la permission de voirie est acceptée pour « réaliser la tranchée sur seulement la moitié de la largeur du chemin de façon à n’intercepter la circulation à aucun moment ». « Les chantiers devront être éclairés pendant la nuit et suffisamment barricadés pour éviter toute espèce d’accident ».
La réalisation peut enfin être entreprise et le 29 octobre 1890, la Préfecture demande :
« si les travaux d’établissement d’un service d’eau sont complètement terminés ou s’ils sont encore en voie d’exécution ;
- quel est le montant exact de la dépense effectuée ;
- à quelle époque a-t-on commencé à faire usage de l’eau ? »
Le 8 décembre 1892, le décompte général des travaux exécutés est dressé et signé par le surveillant des travaux.
Le total s’élève à 14 106,63 F sur laquelle il reste à payer à l’entreprise 378,63 F.
S’ensuit alors une longue procédure entre la mairie et l’entreprise Fessard sur un désaccord entre le montant des travaux et les travaux réellement exécutés.
Le 30 avril 1893, à une demande de réparation formulée par la mairie, la maison Fessard répond :
« C’est la commune qui doit les faire à ses frais. Or, comme il nous est impossible d’avoir un règlement de compte, il nous est permis de douter que nous serions payés de ces travaux. Nous écrivons aujourd'hui à M. Le Préfet de Maine et Loire pour lui demander l’autorisation de vous assigner en paiement. »
Le 19 octobre 1893, un mémoire de la maison Fessard fait ressortir une différence de 771,83 F à payer par la mairie.
Le 8 novembre 1893, un nouveau mémoire très détaillé stipule « la ville de Montrevault, ainsi qu’il résulte de ces explications, nous redoit donc, 841,95 F.
Le différent s’envenime et entraîne la démission du Maire Martin de la Roche, une lettre du 11 novembre 1893 parle de M. Martin de la Roche, ancien maire. Le nouveau maire, M. Gallard, continue la procédure.
Le 8 mars 1894, le Conseil de Préfecture, saisi de l’affaire : Entreprise Fessard, Mauger et Yvelin contre Commune de Montrevault, demande une expertise des travaux réellement effectués, mais condamne néanmoins la commune à verser les 1/10e de garantie qui avait été jusque là reversé.
On peut supposer que l’affaire fut réglée car à partir de cette date on ne trouve plus de documents sur cette question.
1912 – Premier règlement du service d’eau potable et pose des compteurs : 100 sont livrés et garantis 3 ans dont 50 à 45 F et 42 à 48 F.
- « Art. 2 — aucune concession ne sera accordée sans l’installation d’un compteur qui sera fourni par la Commune.
- Art. 4 — le concessionnaire qui refuserait de laisser faire chez lui l’installation d’un compteur aura sa concession supprimée à partir du premier janvier prochain.
- Art. 19 — le prix de l’abonnement est fixé à 10 francs jusqu’à 60 m3. Au dessus de ce nombre chaque abonné, paiera seulement 20 centimes par m3.
- Art. 20 — en cas de grande sécheresse et de pénurie d’eau, le Maire aura le droit d’interdire qu’il en soit pris pour l’arrosage ou le lessivage… »
Long silence… On peut penser que le service donne satisfaction. Cependant les tuyaux s’usent, les fuites doivent exister puisqu’en 1928, on trouve une correspondance au sujet d’un « guetteur » chargé de surveiller les fuites de trop plein au réservoir et d’un « HYDROPHONE » pour la recherche des fuites le long des conduites.
Le remplacement des tuyaux s’avère indispensable et en mars 1929, il est fait état d’une fourniture de 1 800 m de tuyaux de fonte de 100 mm, à 113 F les 10 kg.
Ce sera l’année de gros travaux sur le service d’eau.
10 avril 1929 – amélioration des ouvrages d’adduction d’eau potable comportant la construction :
- d’une chambre de vannes avec bac de jaugeage ;
- d’une canalisation en tuyaux de ciment ;
- d’une chambre de captage des sources de la Rouillère.
Le 20 mai 1929, on ajoute :
- La pose en terre d’une canalisation en fonte entre la Rouillère et le réservoir en béton armé élevé sur une tour de maçonnerie à l’entrée sud de Montrevault.
Le 17 juillet 1929, permission de voirie accordée pour les tranchées.
Prix du réservoir (sans la tour de support) 27 025 F.
Exécution des travaux prévus :
- 1er juillet au 31 juillet – tour en maçonnerie ;
- 1er août au 18 septembre – réservoir en béton armé ;
- 5 août au 25 septembre – pose des canalisations.
En sa séance du 12 juin 1929, le conseil municipal, sous la présidence de M. Georges Perrau, maire « constate depuis un an environ un mauvais fonctionnement dans le service d’eau potable. La plupart du temps, il n’y a pas d’eau… Le mauvais fonctionnement provient :
De l’insuffisance du débit des sources,
Du mauvais fonctionnement de la canalisation d’arrivée,
De l’insuffisance de la capacité du réservoir de distribution
« Il est envisagé :
- une nouvelle captation de la source actuelle,
- une nouvelle conduite d’amenée,
- un nouveau bassin de réception.
« Le Conseil est unanime d’envisager les travaux dans les plus brefs délais possibles, d’après le devis estimatif d’un total général de 165 250 F. »
Le 26 juin 1929, on procède à l’achat d’une parcelle supplémentaire près de l’ancien réservoir, et appartenant à Mme Marie Dupont.
Le 21 août 1929, la préfecture donne l’autorisation à un emprunt de 160 000 F, auprès du Crédit Foncier de France.
4 décembre 1929, légère anicroche amusante à propos du raccordement du mur et de la tour de soutien du réservoir.
Un mémoire financier détaillé fait état des dépenses s’élevant à 160 000 F, les dernières factures ayant été réglées en décembre 1930 et février 1931.
Octobre 1929, nouveau règlement du service d’eau :
- Art. 21 — « le prix de l’eau est fixé à 1 F 25 le m3 jusqu’à 30 m3 ; au dessus de 30 m3, chaque abonné paiera 2 F par m3. Le paiement de l’eau aura lieu trimestriellement.
- Art. 22 — … chaque abonné paiera pour location du compteur 2 F par mois. »
À nouveau longue période de calme où tout semble donner satisfaction.
Vers 1946, l’alimentation doit donner quelques signes de faiblesse puisque la Direction de travaux de ville de Nantes a procédé le 6 mai 1946 à des examens sur l’étendue de la nappe souterraine qui alimente la source de la Rouillère. « Il semble que cette nappe se prolonge sous tout le terrain à l’ouest de la ferme de la Rouillère en direction de la Forêt de Leppo. La possibilité d’augmenter le débit des eaux doit donc être recherchée plus spécialement dans la région ouest de la ferme de la Rouillère. »
Les recherches continuent, le 1er octobre 1953, on trouve une facture de M. L. Chouteau, radiesthésiste à Cholet, pour « recherche d’eau effectuée à la demande de M. le Maire » s’élevant à 11 920 F.
Le forage d’un puits au champ de courses de Leppo avec pompe se montre de plus en plus indispensable et nécessite la pose d’une ligne électrique à travers le champ de course.
24 septembre 1953 – devis estimatif entreprise Juret : 768 000 F.
15 octobre 1953 – Lettre au Sous-Préfet concernant un projet de forage dans le champ de courses, forage de 20 m.
Devis :
- Forage 250 000 F ;
- Pompe immergée 160 000 F ;
- Canalisation 900 000 F ;
- Ligne électrique 768 000 F.
- → Total : 2 078 000 F.
Le 20 octobre 1953, même lettre au Génie Rural.
Après visite de l’Ingénieur du Génie Rural, le 24 février 1954, l’idée d’un forage à titre d’essai seul doit être retenue.
18 mars 1954, le Maire informe le Génie Rural qu’il a chargé M. Nicolas de Thouarcé d’effectuer un forage expérimental.
Le 18 septembre 1954, les travaux sont terminés et la facture s’élevant à 98 250 F est adressée à la mairie.
Le 6 septembre 1954, le Maire faisait part à M. l’Ingénieur en Chef du Génie Rural du « résultat heureux du forage situé sur le point d’eau désigné par M. Chouteau, au milieu du champ de course et dont la profondeur est de 20 m. La venue d’eau importante s’est manifestée à 10 m et est devenue si abondante que nous n’avons pu jauger le débit… »
23 décembre 1954 : visite de l’Ingénieur en Chef du Génie Rural qui « s’est intéressé au projet et qui ne croit pas à de grosses difficultés techniques pour sa réalisation ».
24 janvier 1955 : Après mise en place de la pompe, on a un débit horaire de 5 m3 et demi.
Situation financière :
- Forage payé 230 000 F ;
- Ligne électrique 250 000 F ;
- Canalisation en polychlorure de vinyle 900 000 F ;
- La tranchée 150 000 F.
- → Soit 1 300 000 F.
En mai 1955, l’ensemble des travaux est réalisé portant le service d’eau à sa disposition actuelle.
- Puits et pompe immergée au champ de courses de Leppo ;
- canalisations rejoignant les premières sources de la Rouillère ;
- Bassins de captation (datant de 1892) ;
- Canalisation conduisant au château d’eau (1929) ;
- (Le premier château d’eau de 1892, sert actuellement de dépôt.)
- Distribution aux usagers.
Le service d’eau géré par la Commune pour des problèmes d’entretien les fuites deviennent de plus en plus nombreuses. Le relevé des compteurs provoque quelques difficultés avec le personnel communal.
En 1969, la Municipalité décide de céder la gestion du service d’eau à la Compagnie Générale des Eaux qui va prendre la régie de ce service à compter du 1er janvier 1970.
Il aurait fallu placer le détartrage des canalisations, et le changement des tuyaux lors du branchement de l’eau de la Loire.
Développement Ch
1866 : Le 14 janvier, par décision de Mgr Angebault, évêque d’Angers, agrandissement de la Paroisse avec adjonction de Bohardy, la Roche Gautron, La Gagnerie et la Rouillère. Ces villages et hameaux faisant partie de St Rémy depuis les origines. Cette même année, Michel Constant Godefroy devient maire de la commune.
1868 : octobre, création de la Société de Musique dénommée Fanfare de Montrevault qui va devenir au 20e s L’ Harmonie du Val d’Èvre.
1870 : 2 septembre, désastre de Sedan.
1871 : Installation laborieuse de la Troisième République.
15 août, les villages de la Girauderie, Chambre-Neuve, la Barre, la Bretesche, Noizelet et les Côteaux qui appartiennent traditionnellement à la paroisse du Fief-Sauvin sont rattachés à Montrevault par décision de Mgr Freppel, évêque d’Angers.
1872 : La belle tourelle octogonale du château, contenant l’escalier, s’écroule.
1884 : suite à une épizootie se développant à partir du marché d’Ancenis le vétérinaire local, M.Massonneau s’inquiète. Il alerte la commune puis la préfecture car, écrit-il, « les marchés fournissent tous les éleveurs du Bas-Anjou et de la Vendée, et donc ici plus que partout ailleurs le service a besoin d’être bien organisé. »
1885 : 9 janvier, le conseil trouve fort exagérée la rétribution demandée pour le contrôle des marchés par le vétérinaire et propose la moitié de cette somme pour la prochaine foire du 28. Le 3 avril suivant, la commune décide un emprunt de 20 000 F à la caisse des écoles afin de payer le prix d’un groupe scolaire.
1886 : Arrivée d’un nouveau curé, Alphonse Desbois qui exerce jusqu’en 1923. Ses restes reposent en la chapelle du Cimetière.
Un arrêté interdit le rouissage du lin et du chanvre dans l’Èvre depuis Montrevault jusqu’à la Loire afin de protéger les poissons de l’eau fétide surtout en été
1887 : Martin de la Roche est élu maire de Montrevault
Les vitraux de l’église Notre-Dame
La meilleure façon de les découvrir : se rendre à l'église Place Notre-Dame, ... des fiches explicatives accompagnent les visiteurs...
Durant un siècle et demi, l’église dédiée à Notre-Dame comme symbole concret d’une paroisse des Mauges demeure le centre de cérémonies nombreuses qui rassemblent une population majoritairement pratiquante, jusqu’aux dernières décennies du vingtième siècle : messes quotidiennes, obsèques, missions, semaines saintes, baptêmes, communions solennelles … et l’édifice reste un repère visuel signalant le cœur historique du canton. Or depuis la fin du vingtième siècle, les regroupements préconisés par le diocèse bouleversent 150 ans d’histoire du bâtiment : la paroisse Saint-Antoine-les-Monts concerne aujourd’hui les chrétiens d’une agglomération de 4 500 habitants et les célébrations dominicales s’y déroulent deux fois par mois. Toutefois plusieurs fêtes restent marquées : Pâques, la Toussaint, Noël… ou certains enterrements.
Ce lieu de culte est localement reconnu pour être « priant », sans doute à cause de la pénombre et de l’écho feutré qui y règne, l’acoustique intéressante serait due au type d’architecture. À maintes reprises, et de façon régulière parfois, des manifestations à caractère religieux ou plus profanes, attirent la population : Sainte-Cécile patronne des musiciens, concerts d’orgue, chorales, intervenants de l’Orchestre philharmonique des Pays de Loire dans les années 1980, chanteurs de gospels, auditions de l’école de musique… De nouveaux regroupements paroissiaux animent les lieux de culte de la nouvelle commune de Montrevault-sur-Èvre. En 2020 les 13 églises « communales » ne sont pas abandonnées.
Vers la fin du 19e siècle
1889 : 17 décembre, pour payer le prix du service d’eau, la Caisse des Retraites pour la vieillesse prête 14 300 F à la collectivité.
1890 : 9 juin, portant le prénom de Émilie-Joséphine-Blanche-Renée, baptême du bourdon, la plus grosse des cloches de l’église Notre-Dame. Pesant 1 588 kg, elle sort des ateliers Bollée du Mans comme les trois autres.
Zénobie du Lavouer donne les verrières du chœur représentant l’Assomption — 15 août — au centre et de chaque côté, à gauche l’Annonciation — 25 mars — et la présentation de Marie, à droite. C’est Marie Verger qui offre les deux vitraux non figuratifs, qui les précèdent. Les maîtres-verriers parlent alors de grisailles.
1891 : Pose des vitraux du transept : Mariage de Joseph et Marie, n° 11 côté sud et Présentation de Jésus au Temple (2 février) n° 12 au nord, ces dons sont restés anonymes.
Le vitrail de Saint Yves, n° 8 dans la nef est donné par Yvonne de la Roche épouse Lamothe de Règes.
Au Moyen Âge, saint Yves est surnommé l’avocat des pauvres et il fait l’objet d’un culte fervent non seulement en Bretagne durant les derniers siècles mais encore aujourd’hui en tant que patron et modèle des gens de loi et magistrats. Sous le nom breton de Erwan, il devient curé de Tréguier dans les Côtes d’Armor de 1284 jusqu’à sa mort en 1303.
1892 : 3 000 F sont nécessaires pour terminer les Halles afin d’augmenter le plus possible les revenus de la commune.
1893 : Le château en ruine est racheté à la famille de Danne par René Gallard qui selon d’autres sources l’achète à la commune pour la somme de 700 louis. Avec l’aide de sa femme, et pour le plaisir précise le journaliste Louis Chatenet, il entreprend de restaurer la vieille demeure et de la rendre habitable en lui donnant l’aspect actuel.
Cette même année, René Gallard est élu maire de la commune.
1894 : Le 19 août, le 3e régiment de Dragons, basé à Nantes et en manœuvre de Bretagne en Beauce quitte Saint-Laurent-des-Autels pour Chalonnes. Les cavaliers trouvent la route superbe mais le terrain très accidenté ne leur permet pas de marcher vite. Les militaires ne tiennent pas à fatiguer leurs montures :
« Nous passons au Fuilet, … Un peu plus loin et à droite se trouve Montrevault » précise Barthélémy Faucon dans un récit où il fait preuve de quelque esprit. Son journal poursuit : « Bien des endroits où nous passerons méritent d’être cités mais aucun ne dépasse Montrevault sous le rapport de la beauté comme site.
Bâtie sur un coteau, ayant à ses pieds un grand ravin dans lequel coule un joli ruisseau sur lequel est jeté un petit pont très vieux, avec des maisons blanches éclairées par les premiers rayons du soleil, la petite ville vue de l’Est sur la coteau où nous montons est si jolie que nous nous arrêtons pour admirer ce charmant paysage. »
Et le jeune dragon continue : « Plus loin dans un immense pli de terrain un peu en forme d’entonnoir, se trouve Chaudron. Là nous réservons tous nos regards pour les belles jeunes filles de l’Anjou coiffées du petit bonnet blanc garni de rubans en soie rose du plus bel effet. Certes plus d’un parmi nous regrette d’être obligé de passer sans connaître plus intimement ces jeunes beautés … »
1895 : Le docteur Gallard établit son cabinet dans le chef-lieu de canton, il n’a pas de concurrents dans un rayon de trente ou quarante kilomètres. Selon d’anciens témoignages, il est grand, large, haut en couleurs et il possède cet instinct de la médecine et de la chair malade qui, mieux que les diplômes, fait les très bons médecins.
Au milieu du 20e siècle, Arthur Gibouin, ancien pharmacien et maire de Montrevault témoigne de l’activité professionnelle de son ami, médecin de campagne d’antan :
« Il se met en route au petit jour, ne revient qu’au crépuscule et avant de rentrer chez lui pour y retirer ses bottes il dépose à mon officine la pile d’ordonnances qu’il a établies au cours de sa tournée. Pendant toute la soirée, parfois une partie de la nuit, il prépare les sirops, les pilules, les suppositoires ou les onguents et le lendemain matin les cinq facteurs de Montrevault vont les distribuer en même temps que le courrier à travers tous le canton. Bien avant 1900, pour visiter ses malades le docteur possède deux chevaux, deux bicyclettes et une motocyclette. »
Rien n’arrête ce nouveau montrebellien : gérer et administrer la commune, visiter les malades, rénover le château, et avec l’aide de madame il est vrai, engendrer un autre René Gallard en 1897.
1898 : Construction du Viaduc
Étudié en 1897 par l’ingénieur Coindre des Ponts & Chaussées, l’ouvrage construit en 1898 est d’une allure imposante. Long de 160 mètres entre les deux culées de rives, le viaduc domine le cours d’eau de ses 35 mètres. Composé de 5 travées métalliques reposant sur quatre piles de moellons de conception classique il permet à la ligne, en contournant Montrevault par le Nord, de prendre la direction du département voisin, la Loire-Inférieure. Ce pont a la particularité d’être construit sur le territoire de trois communes puisque la culée de la rive droite et les deux premières piles s’élèvent sur le territoire de Saint-Pierre-Montlimart, une seule de ces deux piles reste debout aujourd’hui. La culée ouest est toujours observable sur la commune de Saint-Rémy-en Mauges à la limite avec Montrevault où deux piles dominent toujours la rive gauche de la rivière.
1899 : Le lundi 3 Juin, lancement du tablier métallique du pont, depuis la culée ouest, vers la rive droite, le village de la Ville-Tirard puis la gare de Saint-Pierre-Montrevault. À une heure de l’après-midi, en présence des officiels, de toute l’école de garçons de Saint-Pierre-Montlimart, d’une foule importante et de l’Harmonie du Val d’Èvre entonnant la Marseillaise, les 195 tonnes de métal en fer puddlé, déplacées par des leviers, roulant sur des poulies, poussé par un treuil, s’ébranlent. Prenant appui successivement sur les deux premières piles, le viaduc franchit la vallée grâce à deux antennes qui vont permettre par la suite d’achever le franchissement en prenant appui sur les deux autres piles puis de se retrouver sur la culée opposée.
Avec l’inauguration de ce viaduc de la ligne de chemin de fer Cholet-Nantes, du Petit Anjou, les deux villes sont reliées par le réseau ferré d’intérêt local de Maine & Loire en desservant Beaupréau et le Puiset-Doré après avoir franchi la large vallée de l’Èvre, juste après la Gare de Montrevault à Saint-Pierre-Montlimart.
Les 100 dernières années
La tradition orale parle depuis toujours de plusieurs buttes, souvent fouillées, qui se dressent dans la campagne aux environs de Montrevault et de Saint-Pierre-Montlimart. Les recherches contemporaines, précise-t-on alors, y ont découvert et mis en exploitation un gisement de quartz aurifères dont les filons, sont suivis à la piste dans une vaste étendue de cette partie des Mauges.
1905 : Le 12 avril, constitution officielle de la « Société des Mines de la Bellière » Le quadrilatère de la concession comprend plus de 500 hectares qui s’étendent de l’église de Montrevault jusqu’à la limite orientale de Saint-Pierre Montlimart, au-delà du Petit-Montrevault.
1909 : Publication du premier tome de Terroir Mauges par le bellopratain Henry Cormeau. Extraits : « On aperçoit encore, quelque dimanche, des essaims de coiffes campagnardes qui s’en vont ailes en éventail, papillonnant au ras des hautes haies.
Mais les étoffes bourrues, bures ou futaines, tissées et teintes par les artisans bourgadins — les gars du bourg —, perdent tout attrait. Les femmes de mon pays désapprennent à tisser leur linge. Les filles de chez nous ont cessé de façonner la bâtine de toile dure, qui, sous le mouchoir-fichu aux couleurs vives, emprisonnaient leurs seins comme deux fruit trop beaux, bons à cacher ; elles ont fait des tabliers avec des fichus maternels, les filles de chez nous, et elles ont agrafé le corset moderne qui offre les fruits ronds de leur gorge ainsi qu’un provocant éventaire. »
1910 : Plus de 1 200 kilos d’or et 164 kilos d’argent sont produits à la Mine.
Usine Electrique de Bohardy
Construction du bâtiment hydro-électrique d’après J. Gaudin (ancien directeur de l’usine des lampes) :
Sise au bord de l’Èvre, près du pont Gallo-Romain, cette usine est créée par Paul Blavier, propriétaire exploitant agricole et industriel, demeurant au château de la Bellière, en la commune de St-Pierre-Montlimart. Il lance vers 1900, des recherches sur l’existence possible de minerai d’or à proximité du Petit-Montrevault, en se basant sur des vestiges gallo-romains repérables ici. Ces recherches couronnées de succès, il fonde donc la société dite « Les Mines de la Bellière ». Dès 1905, des bâtiments importants sont construits pour l’exploitation des puits de mine et l’usine de traitement du minerai.
1911 : A Raz-Gué (ou Rahier, Ragé … il existe traditionnellement deux moulins) sur la rive droite, une scierie tourne à l’emplacement d’un ancien moulin et pour améliorer son fonctionnement le barrage précédant le bief d’amenée est surélevé de quinze centimètres. L’atelier du boisselier existe sur le même espace et l’on y fabrique les objets usuels en bois cintré : porte-manteaux, tamis, boisseaux… Quant au moulin, selon les documents et témoignages d’époque, il correspond, au détail près, à la description suivante :
« Une scie à eau se compose d’un hangar au bord d’un ruisseau. Le toit est soutenu par une charpente qui porte sur quatre gros piliers de bois. A huit ou dix pieds d’élévation, au milieu du hangar, on voit une scie qui monte et descend, tandis qu’un mécanisme fort simple pousse contre cette scie une pièce de bois. C’est une roue mise en mouvement par le ruisseau -l’Èvre- qui fait aller ce double mécanisme ; celui de la scie qui monte et descend, et celui qui pousse doucement la pièce de bois vers la scie, qui la débite en planches. » Stendhal dans le roman le Rouge et le Noir imagine ainsi l’usine du père de Julien Sorel, son héros.
À part quelques pièces métalliques nouvelles, les mécaniques du début du 20e utilisent toujours le bois ainsi que le cuir pour les courroies, comme en 1830.
Sur la rive gauche une construction nouvelle en maçonnerie et briques locales, à l’emplacement de l’autre moulin va abriter une turbine pour la production d’électricité en complément de celle de Bohardy.
1912 : La Mine emploie 750 personnes dont 430 mineurs qui travaillent au fond. Dans le même temps la nouvelle société La Française commercialise les premières lampes d’éclairage sous la marque P.B. — Paul Blavier — et emploie une centaine de femmes. La création de cette verrerie comme on dit alors, revient aussi à l’ingénieur local Joseph Gaudin.
Fondation de l’Avant-Garde Montrebellienne, et en 1920 elle va se constituer officiellement.
La grande Guerre
1914 : début août, la guerre éclate et aucun des deux camps ne réussit à emporter la décision. Il s’agit des Empires centraux avec l’Allemagne et ses alliés d’une part contre ce qu’on appelle alors la Triple Entente : France, Royaume-Uni et Russie.
Jules Romain, auteur entre autres de très grands succès théâtraux, Knock est joué dans le monde entier, commence ainsi sous le titre Verdun une saisissante synthèse de cette guerre 14-18 : « Jamais tant d’hommes à la fois n’avaient dit adieu à leur famille et à leur maison pour commencer une guerre les uns contre les autres…L’affaire, on n’en doutait pas, était de taille à remuer le monde entier…Mais…elle était d’abord franco-allemande. »
Chacun des deux peuples s’était lancé à la rencontre de l’autre, en tâchant de bien maintenir dans sa tête une idée de la guerre aussi excitante que possible.
Un peu plus loin l’auteur fait écrire à un de ses héros : « Il avait fallu à la civilisation des siècles de tâtonnements, de patientes redites, pour apprendre aux hommes que la vie, la leur, celle des autres, est quelque chose de sacré. Tout ce travail est fichu. »
20 août : Joseph Grasset est la première victime de Montrevault. Puis les noms de Jean Rohard, Auguste Robas, Joseph Huteau, Joseph Leglas, Georges Fonteneau, Georges Coiffard et Ernest Vignais suivent pour la liste de 1914. En 1915 : Joseph Boussion, Henri Usureau, Louis Rotureau, Pierre-Ange Jan, Marcel Peretti, René Bréheret, Albert Alopeau, René Usureau, Auguste Bernard.
1916 : c’est l’année de Verdun. Selon les statistiques françaises officielles, le 5 mars au treizième jour de la bataille, on compte 41 456 hommes de troupe et officiers morts ou disparus sans compter les 27 983 blessés. Nous relevons à Montrevault les noms de Joseph Lamoureux, Albert Delaunay, Victor Libault, Joseph Bourget, Joseph Toublanc, Joseph Grimault, Frédéric Jan, Joseph Goupil, Félix Rotureau, Henri Drouet, Eugène Moreau, Joseph-René Grimault, François Onillon, et Maurice Papin en 1917 suivi de Auguste Goubault, François Toublanc, Jean Piou et Louis Viaud pour 1918.
Sous la conduite de madame Soulis, précise Marcelle Mylonas, les petites filles de l’école s’activent dans le local des marches de Raz-Gué. Les plus jeunes font de la charpie avec du linge usé, pour les pansements des blessés. On tricote des cache-nez ou des chaussettes quand on est plus grande. A Valentin Cussonneau mort le 28 février 1919 il faut ajouter Jean Huteau et Joseph Macé portés disparus. Jeunes hommes, souvent pères de familles, ils sont 38 qui dans la boue des tranchées, dans l’horreur des batailles perdent la vie.
« Mon père est revenu sans trop de mal. De toute cette aventure il lui est resté la satisfaction d’avoir vaincu ces fameux boches et un écœurement qui ne faiblira pas au long des années quand il évoquera les trois chevaux qui furent tués sous lui et les misères subies par les autres : c’est une misère de faire souffrir des animaux pareillement, dira-t-il. Quant à ses propres misères à lui, il n’en sera question que beaucoup plus tard, au bord de la vieillesse. » Ce sont là les souvenirs de Pierre-Jakez Hélias dans Le cheval d’orgueil, mémoire d’un breton publié en 1975 et devenue mémoire collective.
1918, 11 novembre : l’Armistice est signé par le général Foch du côté français. À 11 heures du matin, comme dans toute les communes du pays, les cloches sonnent à la volée, la liesse populaire est partagée mais… près de quarante familles de Montrevault portent le deuil de la Grande Guerre. Pour comble de malheur, cette même année on déplore 37 décès dus à la grippe espagnole.
Des noms de rue à situer dans le contexte
Au cours du XXe s. la rue Foch, passe de 4 à 8 mètres de largeur avec la construction d’une nouvelle mairie érigée en 1983, siège des conseils municipaux et de ceux de la communauté des onze communes du canton et de Montrevault.
Ici la collectivité conserve donc la mémoire de Ferdinand Foch qui contribue d'abord à la victoire de la Marne en 1914 avant de devenir chef des armées alliés en 1918. Comme de nombreuses communes et villes de France, à travers des noms d'avenues ou des boulevards, la cité marque ainsi l'importance de ce militaire qui en 1919, critique les punitions du traité de Versailles vis à vis de l'Allemagne. Ces clauses vont servir de ressort à la montée du nazisme dans les années 1930.
La place de Verdun, c’est d’abord comme on l’a dit, la vieille place des moutons qui n’existe pas au début du 19e s. Sur le premier cadastre il s’agit d’une parcelle parmi d’autres, réservée chaque mercredi au commerce des ovins. Après la grande guerre elle devient donc place de Verdun en mémoire de cette bataille meurtrière de l’année 1916 durant laquelle près de 500 000 Allemands et Français perdent la vie. Comme dans de très nombreuses communes de France, la Première Guerre mondiale marque terriblement la population montrebellienne.
Mermoz, Pasteur. Deux noms donnés à deux rues à sens unique dans la cité, en référence à deux personnages ayant marqué les deux derniers siècles.
La rue Mermoz relie la rue Saint-Nicolas à la rue Arthur Gibouin puis à la rue Foch en desservant la cour du Foyer et celle de l’école publique. Anciennement cette rue longeait le presbytère et le prieuré Saint Nicolas dont le cimetière tout proche reste le témoin.
L’aviateur Jean Mermoz (1901-1936) marque la première moitié du 20e s. par son engagement dans l’établissement des lignes aériennes postales vers l’Amérique du Sud : Buenos Aires / Rio de Janeiro / Santiago du Chili, en franchissant la cordillère des Andes pour la célèbre compagnie française d’aviation Latécoère. Ce pionnier des liaisons aériennes par delà l’Atlantique Sud, disparaît à 35 ans, au large de Dakar à bord d’un hydravion. Son nom demeure dans la mémoire collective.
De la rue du château à la place des Halles, la rue Pasteur se faufile à angle droit dans l’ancienne cité. A cause de son étroitesse, elle reste redoutée des chauffeurs de poids-lourds et aussi parfois des riverains et des piétons qui s’y aventurent.
Louis Pasteur, savant chimiste et biologiste du 19e siècle, est mondialement reconnu pour ses découvertes. Il prouve avec des méthodes expérimentales très fines que, par exemple, la génération spontanée n’existe pas. Ses recherches sur la rage, transmise par les morsures de chien, aboutissent en 1885 et le traitement qu’il préconise entraîne la guérison de milliers de gens. La création à Paris en 1888, d’un Institut qui porte son nom est toujours réputé pour être un des principaux centres mondiaux d’étude des maladies infectieuses et de la génétique moléculaire. Son nom désigne parfois des lycées, des boulevards ou de simples voies publiques, comme à Montrevault.
Moins rétrécie, une autre rue de quelques centaines de mètres de long, reliant la place des Halles à l’avenue de Leppo où l’on peut découvrir la casernes des pompiers, la gendarmerie, des locaux de la communauté de communes, la perception, le cimetière … porte le nom de Saint-Nicolas, pourquoi ?
Aux 19e et au début du 20e siècle, cette voie communale accueille le marché aux chevaux chaque mercredi et au cours des sept ou huit grandes foires aux bestiaux déjà évoquées au 18e siècle.
C’est ainsi qu’à l’époque à l’extrémité de la rue Saint-Nicolas, dans l’avenue de Leppo, il existe un grand mur de pierre, dans lequel sont fixés de gros anneaux en fer. Les jours de foire, rappelle V. Bouyer dans l’Histoire du canton, on tend une chaîne dans ces anneaux afin que les marchands puissent attacher leurs bêtes. Lors des grandes foires, la foule des marchands de bestiaux vient de toutes les Mauges, de l’Anjou et des départements proches. La Municipalité y voit là une possibilité de ressources supplémentaires. Ainsi elle emploie une femme qui encaisse une taxe sur chaque animal entrant dans la ville à Saint-Nicolas en direction du Puiset-Doré dès que le pont de la grotte est construit. Le même octroi se rencontre à Raz-Gué, à Bohardy, et à la Musse bien sûr.
Selon le cadastre de 1830, la rue Saint-Nicolas est encore en impasse et conduit déjà au cimetière après avoir contourné, à la hauteur des n° 13 et 13 bis actuels, le prieuré Saint-Nicolas. Il s’agit de l’origine séculaire de la paroisse, hors les murs de la forteresse, et de ce fait, à proximité de l’ancien presbytère de la rue Mermoz. Célestin Port, le fameux archiviste du département, dans le dictionnaire historique, géographique et biographique paru en 1869, parle de la presqu’île Saint-Nicolas formée par l’Èvre qui vagabonde avec ses méandres très serrés ici.
Jean-Marc Blin, historien local, auteur de Laissez-vous conter le pays de Montrevault entouré par les communes du Fief-Sauvin, de St-Rémy-en-Mauges et de St-Pierre-Montlimart : 1000 ans d'histoires au jour le jour et un siècle de photos, Impr. Planchenault, 2005 (BnF) .
Sur le même sujet : Montrevault, Montrevault-sur-Èvre, Morts pour la France.