« Rimiaux d'Anjou par M. Leclerc - Eine verzelée » : différence entre les versions

De Wiki-Anjou
(Rimiaux d'Anjou par M. Leclerc - Eine verzelée)
 
mAucun résumé des modifications
Ligne 17 : Ligne 17 :


<center><poem>
<center><poem>
::: I
: I


J’ vas vous dir’ l’[[histoére]]
J’ vas vous dir’ l’[[histoére]]
Ligne 28 : Ligne 28 :
c’est ein grand défaut !
c’est ein grand défaut !


::: II
: II


Lui qu’ avait qu’ sa chemise
Lui qu’ avait qu’ sa chemise
Ligne 39 : Ligne 39 :
[[alle|al’]] possèd’ du bien !
[[alle|al’]] possèd’ du bien !


::: III
: III


V’là qu’à l’assemblée
V’là qu’à l’assemblée
Ligne 50 : Ligne 50 :
« afin d’ s’accorder. »
« afin d’ s’accorder. »


::: IV
: IV


Pour aller la voèr-e
Pour aller la voèr-e
Ligne 61 : Ligne 61 :
est parti d’ son pied.
est parti d’ son pied.


::: V
: V


Après ein p’tit d’ route,
Après ein p’tit d’ route,
Ligne 72 : Ligne 72 :
ovec du pâté.
ovec du pâté.


::: VI
: VI


D’[[eune|eun’]] march’ ben meilleure
D’[[eune|eun’]] march’ ben meilleure
Ligne 83 : Ligne 83 :
ein verre... ou ben deux.
ein verre... ou ben deux.


::: VII
: VII


En fac’ chez Phonsine,
En fac’ chez Phonsine,
Ligne 94 : Ligne 94 :
...Fallait ben trinquer...
...Fallait ben trinquer...


::: VIII
: VIII


Après ein’ bouteille,
Après ein’ bouteille,
Ligne 105 : Ligne 105 :
pour s’ donner du coeur.
pour s’ donner du coeur.


::: IX
: IX


Ont bu chez Cath’rine,
Ont bu chez Cath’rine,
Ligne 116 : Ligne 116 :
s’trouvai’nt soûls pardus !
s’trouvai’nt soûls pardus !


::: X
: X


La nuit était v’nue
La nuit était v’nue
Ligne 127 : Ligne 127 :
« [[astheur]], j’en voès deux ! »
« [[astheur]], j’en voès deux ! »


::: XI
: XI


« Bon sang ! v’là qu’ la place
« Bon sang ! v’là qu’ la place
Ligne 139 : Ligne 139 :
j’ l’espèr’rais [[icit'|icit]] ! »
j’ l’espèr’rais [[icit'|icit]] ! »


::: XII
: XII


V’là que l’ pied n’y coule,
V’là que l’ pied n’y coule,
Ligne 150 : Ligne 150 :
et tout [[enfondu]] !
et tout [[enfondu]] !


::: XIII
: XIII


Après ben d’ la lutte
Après ben d’ la lutte
Ligne 161 : Ligne 161 :
dit : « C’est moé, Lubin ! »
dit : « C’est moé, Lubin ! »


::: XIV
: XIV


La fille, en colère,
La fille, en colère,
Ligne 172 : Ligne 172 :
« avec les [[gorins]] ! »
« avec les [[gorins]] ! »


::: XV
: XV


Ses hân’ en charpie,
Ses hân’ en charpie,
Ligne 183 : Ligne 183 :
qu’ein mouton pardu !
qu’ein mouton pardu !


::: XVI
: XVI


Vous, qui v’nez d’entendre
Vous, qui v’nez d’entendre

Version du 6 septembre 2024 à 17:09

Langue et littérature angevine
Document   Eine Verzelée
Auteur   Marc Leclerc
Année d'édition   1926
Éditeur   Au bibliophile angevin André Bruel (Angers)
Note(s)   dans Rimiaux d’Anjou, Sixième édition, p. 97 à 104


Eine Verzelée
A Henry Coutant.


Leclerc marc rimiaux 1926 bounhoum paisan p97b.jpeg


I

J’ vas vous dir’ l’histoére
d’ein gâs du Mesni, Laliri ;
qu’aimait trop à boére ;
n’en fut ben puni, Laliri,
A boère ya pas d’ honte,
mais pas trop n’en faut...
N’en prend’ pus qu’ son compte
c’est ein grand défaut !

II

Lui qu’ avait qu’ sa chemise
et six sous vaillants, Laliran,
avait pour promise
la feill’ d’un marchand, Laliran
c’était ben d’ la chance
pour un gâs de rin
que sa connaissance
al’ possèd’ du bien !

III

V’là qu’à l’assemblée
de la Saint-Aubin, Lalirin,
Il l’a rencontrée ;
al’ n’ia dit : « Lubin, Lalirin,
« vins donc chez mon père
« pour le décider
« à nous m’ner chez l’ Maire
« afin d’ s’accorder. »

IV

Pour aller la voèr-e
l’ gâs s’est mis faraud, Laliro,
prit sa blous’ de foère
et son grand chapiau, Laliro,
ovec sa ch’mis’ blanche
et ses gros souliers ;
au tantôt, l’ Dimanche,
est parti d’ son pied.

V

Après ein p’tit d’ route,
s’ sentit fatigué, Laliré ;
A casser la croûte
î s’est décidé, Laliré :
chez la Mèr’ Nanette
î s’est arrêté :
a pris ein’ fillette
ovec du pâté.

VI

D’eun’ march’ ben meilleure
î n’en est r’parti, Laliri...
au bout d’ein quart d’heure
s’ sentit soèf ein p’tit, Laliri...
Est entré chez Pierre,
« Au Bon Vin d’Beaulieu » ;
î n’a pris t’ein verre,
ein verre... ou ben deux.

VII

En fac’ chez Phonsine,
a rencontré R’né, Laliré :
îs n’ont bu chopine,
chaq’ein sa tournée, laliré ;
mais voilà qu’Etienne
leûs est débarqué,
qui dit : « J’off’ la mienne ! »
...Fallait ben trinquer...

VIII

Après ein’ bouteille,
îs n’ont, tous les trois, Laliroi,
rendu la pareille,
ainsi coum’ ça s’ doit, Laliroi ;
pour se r’mettre en route
ont pris ein’ liqueur,
pîs ein’ petit’ goutte
pour s’ donner du coeur.

IX

Ont bu chez Cath’rine,
du bon vin bouché, Laliré,
mais chez Mathurine,
s’sentir’nt éméchés, Laliré ;
d’ tournée en tournée
îs n’ont si ben bu
que d’ vers la soérée
s’trouvai’nt soûls pardus !

X

La nuit était v’nue
pendant c’ coup d’ temps-là, Lalira
« J’ai-t-y la berlue ?
S’ dit tout à coup l’ gâs, Lalira,
« comben donc qu’ya d’ leunes ?
« J’ créyais ben, Bon Dieu !
« qu’î n’y en avait qu’eune,
« astheur, j’en voès deux ! »

XI

« Bon sang ! v’là qu’ la place
« al’ s’ met à danser, Laliré !...
« les maisons qui passent...
« qu’a n’ont l’air pressé, Laliré !
« Vantié ben qu’ la mienne
« va passer aussit’...

« si j’ savais qu’a vienne,
j’ l’espèr’rais icit ! »

XII

V’là que l’ pied n’y coule,
et qu’î n’a glissé, Laliré :
î s’ fout sus la goule
en l’ fond du foussé, Laliré !
dans la patouillée
le v’là descendu,
pus guéné qu’ein’ trée,
et tout enfondu !

XIII

Après ben d’ la lutte
î put s’en d’tirer, Laliré ;
fut ben quéqu’ minutes
avant d’ respirer, Laliré ;
mais v’là qu’î s’ rappelle
le pourquoé d’ son chemin
î va chez sa belle,
dit : « C’est moé, Lubin ! »

XIV

La fille, en colère,
du pûs tôt qu’al’ vit, Laliri,
lui cria : « J’ n’ai qu’ faire
« d’ein tel adlaisî, Laliri !
« Bouguer’ de grand’ bête,
« tu n’ m’es pûs de rin ;
« ta place est en l’ têt-e
« avec les gorins ! »

XV

Ses hân’ en charpie,
avec le congé, Laliré,
de sa boune amie,
son argent mangé, Laliré,
par les adressées
l’ gâs s’en est r’vindu,
la min’ moins rusée
qu’ein mouton pardu !

XVI

Vous, qui v’nez d’entendre
c’ que j’ai raconté, Laliré,
j’ vas vous faire comprendre
eun’ bonne vérité, Laliré :
î n’faut point trop boère
sans nécessité...
ça s’ra d’ mon histoère
la moralité !




Extrait de l'ouvrage Rimiaux d'Anjou de Marc Leclerc, Sixième édition, Au bibliophile angevin André Bruel (Angers), 1926 (livre).

Marc Leclerc (1874-1946), écrivain angevin, créateur des rimiaux, poèmes ou contes rimés en langue angevine.

Note : Henry Coutant (Cholet 1867-Saint Sylvain d'Anjou 1955), écrivain, illustrateur et journaliste, auteur de La Marseillaise : son histoire depuis 1793 publié en 1919 chez R. Tricot (Paris), a collaboré à plusieurs publications comme René Bazin : l'homme, l'artiste, l'angevin (Librairie A. Fontaine , Paris, 1936) ou Un jour en Brenne, guide touristique (P. Viraud, Châteauroux, 1931).


Du même auteur : Paisans, Les Coëffes s'en vont, Cheuz nous, Veille de Fête, Ma vieille ormoère, Cemetières, Progrès, Lettre à Marie, Chansons d'aut'foés, Bounhoum' paisan, Défunt Gorin, Sacavins, La pibole, En foère.


Avertissement : Cette reproduction en format texte peut contenir des erreurs qu'il convient de corriger.