Tartifume
Tartifume est un toponyme que l'on rencontre assez fréquemment en Maine-et-Loire, département de l'ouest de la France. Il y a été notamment popularisé par Jacques Bruneau, chroniqueur angevin du XVIIe siècle, qui l'ajouta à son nom.
Selon l'archiviste Célestin Port il serait composé des mots Tard-y-fume[1]. Au début du XXe siècle Anatole-Joseph Verrier et René Onillon en reprennent l'idée dans leur glossaire en indiquant que les petites closeries de ce nom seraient ainsi appelées de ce que les journaliers y rentrent tard de l'ouvrage pour dîner. Peut-être aussi à rapprocher de tard-à-jouc, celui qui s'attarde le soir, qui se couche tard[2]. Pierre-Louis Augereau indique dans son ouvrage sur les lieux-dit angevins que ce mot concerne principalement des domaines et bâtiments agricoles[3].
Ce toponyme étant souvent situé au bord d'anciens grands chemins, ce pourrait aussi être un nom d'auberge « tard y fume » ou « tarte y fume »[4].
Les lieux répertoriés dans l'édition révisée du dictionnaire Célestin Port de la fin du XXe siècle[4] :
- Tartifume, lieu-dit à Angers où une enceinte proto-historique a été découverte en 1982 ;
- Tartifume, leiu-dit à Beaucouzé ;
- Tartifume, lieu-dit à Bocé, autrefois closerie avec pressoir ;
- Tartifume, lieu-dit à Cantenay-Épinard (Locus qui dicitur Tart-y-fume en 1331), autrefois domaine patrimonial dont prit le nom Bruneau de Tartifume ;
- Tartifume, lieu-dit à Champigné ;
- Tartifume à Contigné ;
- Tartifume, ferme à Freigné (Tart-y-fume en 1448) ;
- Tartifume, lieu-dit au Fuilet (Les lieux, domaines et appartenances de Tartifume en 1480) ;
- Tartifume au Louroux-Béconnais ;
- Tartifume à Marigné (La maison et jardin de T., aboutant le chemin de Marigné à Chenillé) ;
- Tartifume à Morannes (L'hostel, estre et mét. De T. en 1478) ;
- Tartifume, lieu-dit à La Poitevinière ;
- Tartifume, lieu-dit à La Pommeraye ;
- Tartifume, lieu-dit à La Pouëze ;
- Tartifume, lieu-dit à Saint-Aubin-de-Luigné ;
- Tartifume à Saint-Georges-sur-Loire ;
- Tartifume, lieu-dit à Saint-Sauveur-de-Landemont ;
- Tartifume à Saint-Sylvain-d'Anjou ;
- Tartifume, lieu-dit à Seiches-sur-le-Loir ;
- Tartifume, lieu-dit à Vihiers.
On rencontre aussi ce toponyme dans d'autres départements français comme la Charente-Maritime, l'Indre-et-Loire, le Lot-et-Garonne et la Gironde[5]. Jacques Feneant et Maryse Leveel indiquent qu'en Touraine ce toponyme, nom énigmatique datant du Moyen Âge, désigne ordinairement un lieu-dit qui signifie « le tertre qui fume » car « l'endroit est exposé aux brouillards des vallées »[6]. Dans Le Courrier du pays de Retz il est mentionné que ce toponyme présent en pays de Retz est la contraction de « tard y fume »[7].
D'une manière générale, le nom de Tartifume désigne souvent un lieu situé à l'écart des villages et des villes[8].
Notes
Article connexes
- Aireau (toponyme)
- Coulée (toponyme)
- Douet (toponyme)
- Perrières (toponyme)
- Prée (toponyme)
- La Roche (toponyme)
Références
- ↑ Célestin Port, Dictionnaire historique géographique et biographique de Maine-et-Loire, tome 3 (N à Z), Lachèse & Dolbeau libraires (Angers), 1878, page 561
- ↑ Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, Germain & Grassin, 1908 (Angers), t. 2e, p. 523
- ↑ Pierre-Louis Augereau, Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 2004, p. 382
- ↑ a et b Célestin Port (révisé par André Sarazin et Pascal Tellier), Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, t. IV (S-Z), H. Siraudeau & Cie (Angers), 1996 (2e éd.), p. 462
- ↑ M. A. Cochery (dir.), Dictionnaire des postes et des télégraphes, Première édition, La librairie Ch. Delagrave (Paris), 1885, p. 1867-1868
- ↑ Jacques Feneant et Maryse Leveel, Le Folklore de Touraine : dictionnaire des rites et coutume, CLD (Chambray-les-Tours), 1989, p. 429
- ↑ Le Courrier du Pays de Retz, "Tartifume": ce nom de lieu-dit du pays de Retz date du Moyen-Âge, Publihebdos (Pornic), 15 juillet 2023
- ↑ Stéphane Gendron, Brunet Roger, Trésor du terroir : les noms de lieux de la France, éd. du CNRS (Paris), 2016, dans Nouvelle revue d'onomastique, n° 58, 2016, p. 301-303