« Patois angevin » : différence entre les versions

De Wiki-Anjou
mAucun résumé des modifications
(cplt)
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:Maineetloire blason 2.png|130px|right|link=Maine-et-Loire|alt=Blason de Maine-et-Loire.|Blason de Maine-et-Loire]]
[[File:Maineetloire blason 2.png|130px|right|link=Maine-et-Loire|alt=Blason de Maine-et-Loire.|Blason de Maine-et-Loire]]
'''L’angevin''' est un dialecte encore en usage dans les conversations. Géographiquement situé dans l’ouest de la France, entre la Bretagne, le Maine, la Touraine, le Poitevin et la Vendée, cette région ligérienne possède un patrimoine important, dont son patois.
'''L'angevin''' est un dialectedont des mots sont encore en usage dans les conversations. Géographiquement situé dans l'ouest de la France, entre la Bretagne, le Maine, la Touraine, le Poitevin et la Vendée, cette région ligérienne possède un patrimoine important, dont sa langue régionale.




== Le parler angevin ==
== Parler angevin ==
L’angevin fait partie de la famille des langues d’oïl<ref>Vincent Adoumié, Christian Daudel, Didier Doix, Jean-Michel Escarras, Catherine Jean, ''Géographie de la France'', Hachette Éducation, 2019, p. 25</ref>{{,}}<ref>Les langues d’oïl sont des langues latines (romanes) qui se sont développées dans la partie nord de la France.</ref>, branche des langues romanes, qui comprend également le gallo, le picard, le poitevin-saintongeais et le wallon notamment<ref name="wp-angevin">Wikipédia, ''[http://fr.wikipedia.org/wiki/Angevin Angevin et articles connexes]'', octobre 2009</ref>. On trouve la langue angevine dans les départements de Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe (ancienne province d’Anjou).  
L'angevin fait partie de la famille des langues d'oïl<ref>Vincent Adoumié, Christian Daudel, Didier Doix, Jean-Michel Escarras et Catherine Jean, ''Géographie de la France'', Hachette Éducation (Paris), 2019, p. 25</ref>{{,}}<ref>Jean Sibille, ''France (Arts et culture) : Les langues régionale'', Encyclopædia Universalis, 2006-2021</ref>{{,}}<ref>Encyclopédie Larousse, ''Langue d'oïl'', 2016-2017</ref>{{,}}<ref group="note">Les langues d'oïl sont des langues latines (romanes) qui se sont développées dans la partie nord de la France. C'est l'ensemble des dialectes romans parlés dans la moitié nord de la France.</ref>, branche des langues romanes, qui comprend également le gallo, le picard, le poitevin-saintongeais et le wallon notamment<ref name="chauveau">Jean-Paul Chauveau, ''Langue'', dans ''Anjou Maine-et-Loire'', Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 169-178</ref>. On trouve la langue angevine dans les départements de Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe (ancienne province d'Anjou).  


La Loire a longtemps été une frontière difficilement franchissable, délimitant naturellement les régions angevines mais aussi les parlers. Ce qu’on peut appeler le '''patois angevin''' est très divers ; suivant les territoires de l’[[Géographie du Maine-et-Loire|Anjou]] il existe une diversité d’expressions et de prononciations. Par exemple le parler des Mauges (français des Mauges)<ref>Hervé Abalain, ''Le français et les langues historiques de la France'', Éditions Jean-Paul Gisserot, 2007</ref> est le plus différent, et se rapproche du patois vendéen<ref name="wp-angevin" />.
La Loire a longtemps été une frontière difficilement franchissable, délimitant naturellement les régions angevines mais aussi les parlers. Ce qu'on peut appeler le '''patois angevin''' est très divers ; suivant les territoires de l'[[Géographie du Maine-et-Loire|Anjou]] il existe une diversité d'expressions et de prononciations. Par exemple le parler des Mauges (français des Mauges) est le plus différent et se rapproche du patois vendéen<ref>Hervé Abalain, ''Le français et les langues historiques de la France'', Éditions Jean-Paul Gisserot, 2007</ref>{{,}}<ref name="cormeau">Henry Cormeau, ''L'accent de chez nous : essai d'une phonétique du Bas-Anjou'', Éd. Georges Crès & {{Cie}} (Paris), 1922</ref>{{,}}<ref name="chauveau" />.


L’une des principales caractéristiques du patois angevin est l’utilisation du « e » muet<ref>Arthur Loiseau, ''Rapports de la langue de Rabelais avec les patois de la Touraine et de l'Anjou'', Imprimerie Lachèse Belleuvre et Dolbeau, 1867</ref>. On retrouve encore aujourd'hui dans les conversations cette utilisation, tout comme certains termes.
L'une des principales caractéristiques du patois angevin est l'utilisation du « e » muet<ref name="loiseau">Arthur Loiseau, ''Rapports de la langue de Rabelais avec les patois de la Touraine et de l'Anjou'', dans ''Mémoires de la Société académique d'Angers'', tome XXI, impr. P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (Angers), 1867</ref>. On retrouve encore aujourd'hui dans les conversations cette utilisation, tout comme certains termes.


== Quelques phrases ==
== Exemples ==
Quelques phrases du patois angevin<ref>A.-J. Verrier et R. Onillon, ''Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou'', 1908</ref>{{,}}<ref>D. Fournier, ''Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui'', Cheminements, 1998</ref> :
Le patois angevin est encore très présent sur le territoire. Il n'est pas rare d'y entendre un {{citation|[[tôpette]]}} ou qu'on va être {{citation|[[trempé-guené]]}}. Beaucoup de ces mots proviennent simplement du vieux français<ref name="livet">Ch.-L. Livet, ''Un sonnet en patois angevin (XVIIe siècle)'', dans ''Revue de l'Anjou et de Maine et Loire'', troisième année, tome deuxième, Libr. de Cosnier et Lachèse (Angers), 1854, p. 125-128</ref>{{,}}<ref name="verrier-defense">Anatole-Joseph Verrier, ''Défense et illustration du patois angevin'', dans ''Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences & arts d'Angers'', G. Grassin impr.-éd. (Angers), 1912, p. 290-296</ref>{{,}}<ref name="chauveau" />{{,}}<ref group="note">Mots, voir [[Dictionnaire des mots de l'Anjou]].</ref>


* L’temp [[abernodit|s’abernodit]] va y avoièr [[eine|ein’]] [[ernapée|r’napée]] ! Pouille ton fàite, tu vo éte tout [[guéné]]. ''(Le temps se couvre, il va y avoir une averse ! Couvre-toi, tu vas être trempé.)''
Quelques phrases du parler angevin<ref name="verrier-onillon">Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, ''Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou'', t. I et II, Germain & Grassin (Angers), 1908</ref>{{,}}<ref name="fournier-galarne">Dominique Fournier, ''Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui'', Cheminements (Le Coudray-Macouard), 1998</ref> :


* Il me semble ben qu’il va faire beau [[Anhuit|an’huit]], le soleil s’est couché të rouge d’hier ou soir. ''(Il me semble bien qu’il va faire beau aujourd'hui, le soleil s’est couché tout rouge hier soir.)''
* L'temp [[abernodit|s'abernodit]] va y avoièr [[eine|ein']] [[ernapée|r'napée]] ! Pouille ton fàite, tu vo éte tout [[guéné]]. ''(Le temps se couvre, il va y avoir une averse ! Couvre-toi, tu vas être trempé.)''


* [[Alle]] en fait des [[cacassées]] ; quelle [[feille]] ! ''(Elle en fait des bavardages ; qu’elle fille !)''
* Il me semble ben qu'il va faire beau [[Anhuit|an'huit]], le soleil s'est couché të rouge d'hier ou soir. ''(Il me semble bien qu'il va faire beau aujourd'hui, le soleil s'est couché tout rouge hier soir.)''
 
* [[Alle]] en fait des [[cacassées]] ; quelle [[feille]] ! ''(Elle en fait des bavardages ; qu'elle fille !)''


* Il est dur de la [[comprenoire]]. ''(Il ne comprend rien.)''
* Il est dur de la [[comprenoire]]. ''(Il ne comprend rien.)''


* A n'est [[côre]] pas venue. ''(Elle n’est pas encore venue.)''
* A n'est [[côre]] pas venue. ''(Elle n'est pas encore venue.)''
 
* Pou' l'jeu d'boul', tu tourn's [[à drette|adret']], pis côr' [[à drette|adret']]. ''(Pour le jeu de boule, tu tournes à droite, puis encore à droite.)''
 
* Je vais mettre une bouteille d'eau sur la table, sinon il va [[s'embedoufler|s'embedoufler]]. ''(s'étouffer)''
 
* La Louis' a' [[foleyer|folleill']] quand Léon roussine à la [[société]]. ''(La Louise devient folle quand Léon traine au cercle.)''
 
* Je craillai ti voièr le [[gâs]] Mile dans l'milieu d'la carré, c n'es point lui mais le [[gâs]] R'né. ''(Je croyais voir le gars Émile au milieu de la cour, ce n'était que le gars René.)''
 
* D'où que t'as été t'fourré ? t'es tout [[guéné]], regarde më ça ! va don changer tes hardes avant d'attraper quieque chose. ''(Où es-tu allé ? T'es tout trempé, regarde ça ! Va te changer avant d'attraper quelque chose.)''
 
* Bon ! vlà côr ein' panne, [[à c't'heûre|astheûre']] ? ''(Bon ! voilà encore une panne, maintenant !)''
 
* Ça n'était que de la [[roquille]], tout ce que illy avait. ''(Ça n'était que des débris, tout ce qu'il y avait.)''
 
* Oh ! mais non, je n'aime pas à me laisser [[rudanger]] comme ça. ''(Oh ! mais non, je n'aime pas me laisser malmener comme ça.)''
 
{{Modèle:Article détaillé}} ''Plus de détail sur la page [[Dictionnaire des mots de l'Anjou|Recueil de mots et locutions en angevin]].''
 
== Écrivains et poètes patoisants ==
Plusieurs écrivains retracent le contenu et l'évolution de ce parler angevin. Au {{XIXs}}, Ch.-L. Livet publie ''[[Un sonnet en patois angevin de Ch.-L. Livet|Un sonnet en patois angevin]]'' du {{XVIIe}}<ref name="livet" /> :
 
{{citation bloc |C'est un dangeleu mau que le mau de l'amour !
Je ne l'eusse pas creu estre une ytieulle raige...
 
Je crai que j'en mourré dès mon apprentissaige,
 
Car ma fé je n'en dors ne la net ne le jour. (...) |''Sonnet en patois angevin'' }}
 
L'auteur y esquisse une définition de ce qu'est le patois. En 1867, Arthur Loiseau rédige son ''[[Rapports de la langue de Rabelais avec le patois de l'Anjou par A. Loiseau|Rapports de la langue de Rabelais avec le patois de l'Anjou]]''. Il y indique que les nombreux patois du {{XVIs}}, qui se parlaient sur toute l'étendue de la France, font sentir leur influence à notre {{abréviation|idiome|langage particulier d'un groupe humain}} littéraire<ref name="loiseau" />. Nombre de textes sont alors diffusés au [[1801|{{XIXe}}]] par le biais des publications des Sociétés savantes de Maine-et-Loire, sans compter les imprimeurs angevins Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (chaussée Saint-Pierre) ou G. Grassin ([[Angers - Rue Saint-Laud|rue Saint-Laud]]), ou bien encore plus tard André Bruel (rue Plantagenêt). Parallèlement, [[Aimé de Soland]] publie ''[[Proverbes d'Anjou par A. de Soland - Dictons de janvier|Proverbes et dictons rimés de l'Anjou]]'' en 1858 et G. De Launay ''[[Dictons et croyances de l'Anjou]]'' en 1893<ref>G. De Launay, ''Traditions et superstitions de l'Anjou : Dictons et croyances'', dans ''Revue des traditions populaires'' (Paris), 8{{e}} année, tome VIII, n° 2, février 1893, p. 93-95</ref>. [[Henry Cormeau]] publie en 1922 un ''[[L'accent de chez nous par H. Cormeau|essai d'une phonétique du Bas-Anjou]]''<ref name="cormeau" />.


* Pou’ l’jeu d’boul’, tu tourn’s [[à drette|adret’]], pis côr’ [[à drette|adret’]]. ''(Pour le jeu de boule, tu tournes à droite, puis encore à droite.)''
[[Charles Ménière]] rédige en 1881, en préambule à son [[Glossaire de Ch. Ménière|glossaire]]<ref name="glossaire-meniere">Charles Ménière, ''Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes'', dans ''Mémoire de la Société académique de Maine-et-Loire'', tome XXXVI, impr. Lachèse et Dolbeau (Angers), 1881</ref>, un [[Essai sur le langage angevin de Ch. Ménière|essai sur le langage angevin]] où il fait remonter au début du {{XVIIIs}} l'origine contemporaine du langage du pays de l'Anjou<ref>Charles Ménière, ''Essai sur le langage angevin'', dans ''Mémoires de la Société académique d'Angers'', tome XXXVI, impr. Lachèse et Dolbeau (Angers), p. 193-199</ref>.


* Je vais mettre une bouteille d’eau sur la table, sinon il va [[s'embedoufler|s’embedoufler]]. ''(s’étouffer)''
Après le glossaire de Charles Ménière<ref name="glossaire-meniere" />, [[René Onillon]] et [[Anatole-Joseph Verrier]] publient en 1908 un glossaire des mots de l'Anjou, avec l'aide de nombreux collaborateurs de différentes régions, dont René de La Perraudière qui publiera en préambule au glossaire ''[[Le langage à Lué par De La Perraudière|Le langage à Lué]]''<ref>René de La Perraudière, ''Le langage à Lué (Recherches historiques et statistiques sur la commune de Lué, Maine-et-Loire)'', dans ''Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers'', cinquième série, t. VII, Germain et G. Grassin imr.-libr. (Angers), 1904, p. 132-154</ref>. Ce dictionnaire dialectal d'une exeptionnelle richesse, en deux tomes, comprend plus de {{formatnum:20000}} mots<ref name="chauveau" />{{,}}<ref name="verrier-onillon" />. Verrier publiera également en 1912 ''[[Défense du patois angevin par A.J. Verrier|Défense et illustration du patois angevin]]<ref name="verrier-defense" />.


* La Louis’ a’ [[foleyer|folleill’]] quand Léon roussine à la [[société]]. ''(La Louise devient folle quand Léon traine au cercle.)''
Au début du {{XXs}}, [[Marc Leclerc]] inaugure l'écriture de [[rimiaux]], publiant notamment ''[[Rimiaux d'Anjou par M. Leclerc - Les Coëffes s'en vont|Rimiaux d'Anjou]]'' en 1926. La forme sera ensuite popularisée par plusieurs écrivains et poètes du parler angevin comme [[Émile Joulain]]<ref name="chauveau" /> et [[Yvon Péan]].


* Je craillai ti voièr le [[gâs]] Mile dans l’milieu d’la carré, c n’es point lui mais le [[gâs]] R’né. ''(Je croyais voir le gars Émile au milieu de la cour, ce n’était que le gars René.)''
{{citation bloc |Et c'est tout d' meim' pour nout' langage :


* D’où que t’as été t’fourré ? t’es tout [[guéné]], regarde më ça ! va don changer tes hardes avant d’attraper quieque chose. ''(Où es-tu allé ? T’es tout trempé, regarde ça ! Va te changer avant d'attraper quelque chose.)''
pour vous, c'est ein jargoin d' sauvages ;


* Bon ! vlà côr ein’ panne, [[à c't'heûre|astheûre’]] ? ''(Bon ! voilà encore une panne, maintenant !)''
mais moé, malgré mon air paisan,


* Ça n’était que de la [[roquille]], tout ce que illy avait. ''(Ça n’était que des débris, tout ce qu’il y avait.)''
j'ons quant' meime été aux écoles,


* Oh ! mais non, je n’aime pas à me laisser [[rudanger]] comme ça. ''(Oh ! mais non, je n’aime pas me laisser malmener comme ça.)''
où qu' j'ons connu des grous savants


== Quelques mots ==
— en écrit autant qu'en paroles —
Le parler angevin est encore très présent sur le territoire. Il n’est pas rare d’y entendre un {{citation|[[tôpette]]}} ou qu’on va être {{citation|[[trempé-guené]]}}<ref>Voir [[Dictionnaire des mots de l'Anjou]].</ref>. Des écrivains et poètes du parler angevin en ont fait des [[rimiaux]].


{{Modèle:Article détaillé}} ''Plus de détail sur la page [[Dictionnaire des mots de l'Anjou|Recueil de mots et locutions en angevin]].''
qui disaient qu' nout' parler terrien
 
c'est ein langag' vraiment ancien,
 
c' tî là meime, à peu d' différence,
 
qu'écrivit un app'lé {{abréviation|Rabelais|François Rabelais, écrivain humaniste de la Renaissance.}}
 
ein gâs qu'on n'a point égalé,
 
a c' qu'îs disaient, en tout' la France ;
 
que c'est l' vieux français d'auterfoés,
 
et qu'î n'a ben ses avantages... |M. Leclerc, ''[[Rimiaux d'Anjou par M. Leclerc - Paisans|Rimiaux d'Anjou]]'' }}
 
La vivacité du parler angevin ne se démentira pas avec le temps. Plusieurs auteurs publieront des ouvrages sur le sujet à la fin du {{XXe}} ou au début du {{XXIe}}, comme en 1998 [[Dominique Fournier]] et son ''Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui'', préfacé par Pierre Perret<ref name="fournier-galarne" />, ou en 2017, Paul Graindorge et Bernard Bellanger le ''Dictionnaire français angevin''<ref>Paul Graindorge et Bernard Bellanger, ''Dictionnaire français angevin'', Association des amis du folklore et des parlers d'Anjou (Angers), 2017</ref>.




Ligne 50 : Ligne 98 :


== Notes ==
== Notes ==
{{Autres sites
| wp = https://fr.wikipedia.org/wiki/Angevin
}}
Sur le même sujet
Sur le même sujet
:• [[Dictionnaire des mots de l'Anjou]]
:• [[Dictionnaire des mots de l'Anjou]]
:• [[Liste des personnalités de Maine-et-Loire#Littérature|Écrivains du parler angevin]]
:• [[Dictionnaire Français Angevin]]
:• [[Rapports de la langue de Rabelais avec le patois de l'Anjou par A. Loiseau]]
:• [[Liste_des_personnalités_de_Maine-et-Loire#Littérature_et_journalisme|Écrivains angevin]]
:• [[Un sonnet en patois angevin de Ch.-L. Livet]]
:• [[Essai sur le langage angevin de Ch. Ménière]]
:• [[Défense du patois angevin par A.J. Verrier]]
:• [[L'accent de chez nous par H. Cormeau]]


Bibliographie
Bibliographie
:• Charles Ménière, ''Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes'', Lachèse et Dolbeau, 1880
:• {{Ouvrage |auteur=Charles Ménière |titre=Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes |éditeur=impr. de Lachèse et Dolbeau |lieu=Angers |collection= |année=1880 |pages totales=374 |isbn= |bnf=30926292 }}
:• Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, ''Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou'', t. I et II, 1908
:• {{Ouvrage |auteur=Anatole-Joseph Verrier et René Onillon |titre=Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou |éditeur=Germain et G. Grassin impr.-édit. |lieu=Angers |collection= |année=1908 |pages totales=528 (t. 1) et 582 (t. 2) |isbn= |bnf=31565186 }}
:• Augustin Jeanneau et Adolphe Durand, ''Le parler populaire en Anjou'', Éditions du Choletais, 1977
:• {{Ouvrage |auteur=Augustin Jeanneau et Adolphe Durand (illustrations de Joseph Martineau) |titre=Le Parler populaire en Anjou |éditeur=Éditions du Choletais |lieu=Angers |collection= |année=1977 |pages totales=197 |isbn= |bnf=34654612 }}
:• Dominique Fournier, ''Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui'', Cheminements, 1998
:• {{Ouvrage |auteur=Henri Boré |titre=Glossaire du patois angevin et régional |éditeur=A.-H. Hérault |lieu=Maulévrier|collection= |année=1988 |pages totales=153 |isbn= |bnf=34935796 }}
:• Henri Boré, ''Glossaire du patois angevin et régional'', A.-H. Hérault, 1988
:• {{Ouvrage |auteur=Gérard Cherbonnier (dir.) |titre=Mots et expressions des patois angevins : petit dictionnaire |éditeur=Éd. du Petit pavé |lieu=Brissac |collection=Yavard |année=1997 |pages totales=74 |isbn=2-911587-03-0 |bnf=35863495 }}
:• Gérard Cherbonnier, ''Mots et expressions des Patois d'Anjou'', Édition du Petit Pavé, 2002
:• {{Ouvrage |auteur=Dominique Fournier |titre=Mots d'galarne : dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui |éditeur=Cheminements |lieu=Le Coudray-Macouard |collection=Les gens d'ici |année=1998 |pages totales=299 |isbn=2-909757-65-x |bnf=37006113 }}


Références et annotations
Références et annotations
<references group="note" />
{{Références}}
{{Références}}



Version du 4 juin 2022 à 03:48

Blason de Maine-et-Loire.

L'angevin est un dialectedont des mots sont encore en usage dans les conversations. Géographiquement situé dans l'ouest de la France, entre la Bretagne, le Maine, la Touraine, le Poitevin et la Vendée, cette région ligérienne possède un patrimoine important, dont sa langue régionale.


Parler angevin

L'angevin fait partie de la famille des langues d'oïl[1],[2],[3],[note 1], branche des langues romanes, qui comprend également le gallo, le picard, le poitevin-saintongeais et le wallon notamment[4]. On trouve la langue angevine dans les départements de Maine-et-Loire, de la Mayenne et de la Sarthe (ancienne province d'Anjou).

La Loire a longtemps été une frontière difficilement franchissable, délimitant naturellement les régions angevines mais aussi les parlers. Ce qu'on peut appeler le patois angevin est très divers ; suivant les territoires de l'Anjou il existe une diversité d'expressions et de prononciations. Par exemple le parler des Mauges (français des Mauges) est le plus différent et se rapproche du patois vendéen[5],[6],[4].

L'une des principales caractéristiques du patois angevin est l'utilisation du « e » muet[7]. On retrouve encore aujourd'hui dans les conversations cette utilisation, tout comme certains termes.

Exemples

Le patois angevin est encore très présent sur le territoire. Il n'est pas rare d'y entendre un « tôpette » ou qu'on va être « trempé-guené ». Beaucoup de ces mots proviennent simplement du vieux français[8],[9],[4],[note 2]

Quelques phrases du parler angevin[10],[11] :

  • L'temp s'abernodit va y avoièr ein' r'napée ! Pouille ton fàite, tu vo éte tout guéné. (Le temps se couvre, il va y avoir une averse ! Couvre-toi, tu vas être trempé.)
  • Il me semble ben qu'il va faire beau an'huit, le soleil s'est couché të rouge d'hier ou soir. (Il me semble bien qu'il va faire beau aujourd'hui, le soleil s'est couché tout rouge hier soir.)
  • A n'est côre pas venue. (Elle n'est pas encore venue.)
  • Pou' l'jeu d'boul', tu tourn's adret', pis côr' adret'. (Pour le jeu de boule, tu tournes à droite, puis encore à droite.)
  • Je vais mettre une bouteille d'eau sur la table, sinon il va s'embedoufler. (s'étouffer)
  • La Louis' a' folleill' quand Léon roussine à la société. (La Louise devient folle quand Léon traine au cercle.)
  • Je craillai ti voièr le gâs Mile dans l'milieu d'la carré, c n'es point lui mais le gâs R'né. (Je croyais voir le gars Émile au milieu de la cour, ce n'était que le gars René.)
  • D'où que t'as été t'fourré ? t'es tout guéné, regarde më ça ! va don changer tes hardes avant d'attraper quieque chose. (Où es-tu allé ? T'es tout trempé, regarde ça ! Va te changer avant d'attraper quelque chose.)
  • Bon ! vlà côr ein' panne, astheûre' ? (Bon ! voilà encore une panne, maintenant !)
  • Ça n'était que de la roquille, tout ce que illy avait. (Ça n'était que des débris, tout ce qu'il y avait.)
  • Oh ! mais non, je n'aime pas à me laisser rudanger comme ça. (Oh ! mais non, je n'aime pas me laisser malmener comme ça.)

Article détaillé Plus de détail sur la page Recueil de mots et locutions en angevin.

Écrivains et poètes patoisants

Plusieurs écrivains retracent le contenu et l'évolution de ce parler angevin. Au XIXe siècle, Ch.-L. Livet publie Un sonnet en patois angevin du XVIIe[8] :

« C'est un dangeleu mau que le mau de l'amour !

Je ne l'eusse pas creu estre une ytieulle raige...

Je crai que j'en mourré dès mon apprentissaige,

Car ma fé je n'en dors ne la net ne le jour. (...) »

— Sonnet en patois angevin

L'auteur y esquisse une définition de ce qu'est le patois. En 1867, Arthur Loiseau rédige son Rapports de la langue de Rabelais avec le patois de l'Anjou. Il y indique que les nombreux patois du XVIe siècle, qui se parlaient sur toute l'étendue de la France, font sentir leur influence à notre idiome littéraire[7]. Nombre de textes sont alors diffusés au XIXe par le biais des publications des Sociétés savantes de Maine-et-Loire, sans compter les imprimeurs angevins Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (chaussée Saint-Pierre) ou G. Grassin (rue Saint-Laud), ou bien encore plus tard André Bruel (rue Plantagenêt). Parallèlement, Aimé de Soland publie Proverbes et dictons rimés de l'Anjou en 1858 et G. De Launay Dictons et croyances de l'Anjou en 1893[12]. Henry Cormeau publie en 1922 un essai d'une phonétique du Bas-Anjou[6].

Charles Ménière rédige en 1881, en préambule à son glossaire[13], un essai sur le langage angevin où il fait remonter au début du XVIIIe siècle l'origine contemporaine du langage du pays de l'Anjou[14].

Après le glossaire de Charles Ménière[13], René Onillon et Anatole-Joseph Verrier publient en 1908 un glossaire des mots de l'Anjou, avec l'aide de nombreux collaborateurs de différentes régions, dont René de La Perraudière qui publiera en préambule au glossaire Le langage à Lué[15]. Ce dictionnaire dialectal d'une exeptionnelle richesse, en deux tomes, comprend plus de 20 000 mots[4],[10]. Verrier publiera également en 1912 Défense et illustration du patois angevin[9].

Au début du XXe siècle, Marc Leclerc inaugure l'écriture de rimiaux, publiant notamment Rimiaux d'Anjou en 1926. La forme sera ensuite popularisée par plusieurs écrivains et poètes du parler angevin comme Émile Joulain[4] et Yvon Péan.

« Et c'est tout d' meim' pour nout' langage :

pour vous, c'est ein jargoin d' sauvages ;

mais moé, malgré mon air paisan,

j'ons quant' meime été aux écoles,

où qu' j'ons connu des grous savants

— en écrit autant qu'en paroles —

qui disaient qu' nout' parler terrien

c'est ein langag' vraiment ancien,

c' tî là meime, à peu d' différence,

qu'écrivit un app'lé Rabelais

ein gâs qu'on n'a point égalé,

a c' qu'îs disaient, en tout' la France ;

que c'est l' vieux français d'auterfoés,

et qu'î n'a ben ses avantages... »

— M. Leclerc, Rimiaux d'Anjou

La vivacité du parler angevin ne se démentira pas avec le temps. Plusieurs auteurs publieront des ouvrages sur le sujet à la fin du XXe ou au début du XXIe, comme en 1998 Dominique Fournier et son Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui, préfacé par Pierre Perret[11], ou en 2017, Paul Graindorge et Bernard Bellanger le Dictionnaire français angevin[16].


Rimiau en patois angevin, écrit et conté par Fourchafoin.

Notes

Icon suivant (autres sites).
Pour aller plus loin

sur l'encyclopédie Wikipédia

Sur le même sujet

Dictionnaire des mots de l'Anjou
Dictionnaire Français Angevin
Écrivains angevin

Bibliographie

• Charles Ménière, Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes, impr. de Lachèse et Dolbeau (Angers), 1880, 374 pages (notice BnF no FRBNF30926292)
• Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, Germain et G. Grassin impr.-édit. (Angers), 1908, 528 (t. 1) et 582 (t. 2) pages (notice BnF no FRBNF31565186)
• Augustin Jeanneau et Adolphe Durand (illustrations de Joseph Martineau), Le Parler populaire en Anjou, Éditions du Choletais (Angers), 1977, 197 pages (notice BnF no FRBNF34654612)
• Henri Boré, Glossaire du patois angevin et régional, A.-H. Hérault (Maulévrier), 1988, 153 pages (notice BnF no FRBNF34935796)
• Gérard Cherbonnier (dir.), Mots et expressions des patois angevins : petit dictionnaire, Éd. du Petit pavé (Brissac), coll. Yavard, 1997, 74 pages (ISBN 2-911587-03-0) (notice BnF no FRBNF35863495)
• Dominique Fournier, Mots d'galarne : dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui, Cheminements (Le Coudray-Macouard), coll. Les gens d'ici, 1998, 299 pages (ISBN 2-909757-65-x) (notice BnF no FRBNF37006113)

Références et annotations

  1. Les langues d'oïl sont des langues latines (romanes) qui se sont développées dans la partie nord de la France. C'est l'ensemble des dialectes romans parlés dans la moitié nord de la France.
  2. Mots, voir Dictionnaire des mots de l'Anjou.
  1. Vincent Adoumié, Christian Daudel, Didier Doix, Jean-Michel Escarras et Catherine Jean, Géographie de la France, Hachette Éducation (Paris), 2019, p. 25
  2. Jean Sibille, France (Arts et culture) : Les langues régionale, Encyclopædia Universalis, 2006-2021
  3. Encyclopédie Larousse, Langue d'oïl, 2016-2017
  4. a b c d et e Jean-Paul Chauveau, Langue, dans Anjou Maine-et-Loire, Christine Botton éditeur (Paris), 2010, p. 169-178
  5. Hervé Abalain, Le français et les langues historiques de la France, Éditions Jean-Paul Gisserot, 2007
  6. a et b Henry Cormeau, L'accent de chez nous : essai d'une phonétique du Bas-Anjou, Éd. Georges Crès & Cie (Paris), 1922
  7. a et b Arthur Loiseau, Rapports de la langue de Rabelais avec les patois de la Touraine et de l'Anjou, dans Mémoires de la Société académique d'Angers, tome XXI, impr. P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau (Angers), 1867
  8. a et b Ch.-L. Livet, Un sonnet en patois angevin (XVIIe siècle), dans Revue de l'Anjou et de Maine et Loire, troisième année, tome deuxième, Libr. de Cosnier et Lachèse (Angers), 1854, p. 125-128
  9. a et b Anatole-Joseph Verrier, Défense et illustration du patois angevin, dans Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences & arts d'Angers, G. Grassin impr.-éd. (Angers), 1912, p. 290-296
  10. a et b Anatole-Joseph Verrier et René Onillon, Glossaire étymologique et historique des parlers et patois de l'Anjou, t. I et II, Germain & Grassin (Angers), 1908
  11. a et b Dominique Fournier, Mots d'Galarne : Dictionnaire pour bien bagouler notre patois aujourd'hui, Cheminements (Le Coudray-Macouard), 1998
  12. G. De Launay, Traditions et superstitions de l'Anjou : Dictons et croyances, dans Revue des traditions populaires (Paris), 8e année, tome VIII, n° 2, février 1893, p. 93-95
  13. a et b Charles Ménière, Glossaire angevin étymologique comparé avec différents dialectes, dans Mémoire de la Société académique de Maine-et-Loire, tome XXXVI, impr. Lachèse et Dolbeau (Angers), 1881
  14. Charles Ménière, Essai sur le langage angevin, dans Mémoires de la Société académique d'Angers, tome XXXVI, impr. Lachèse et Dolbeau (Angers), p. 193-199
  15. René de La Perraudière, Le langage à Lué (Recherches historiques et statistiques sur la commune de Lué, Maine-et-Loire), dans Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers, cinquième série, t. VII, Germain et G. Grassin imr.-libr. (Angers), 1904, p. 132-154
  16. Paul Graindorge et Bernard Bellanger, Dictionnaire français angevin, Association des amis du folklore et des parlers d'Anjou (Angers), 2017