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de larges voies ont grandement transformé la ville. Angers possède les richesses artistiques de son musée et des collections diverses. Le musée David est surtout des plus intéressants, parce qu'il contient l'œuvre presque complet de David d'Angers, en maquettes originales ou en moulages, et permet ainsi d'apprécier un des artistes les plus nobles du siècle, un de ceux qui porteront à la postérité le plus haut témoignage en faveur de sa génération. | de larges voies ont grandement transformé la ville. Angers possède les richesses artistiques de son musée et des collections diverses. Le musée David est surtout des plus intéressants, parce qu'il contient l'œuvre presque complet de David d'Angers, en maquettes originales ou en moulages, et permet ainsi d'apprécier un des artistes les plus nobles du siècle, un de ceux qui porteront à la postérité le plus haut témoignage en faveur de sa génération. | ||
Angers, jadis ville universitaire, est toujours un centre d'études et d'instruction ; elle a plusieurs sociétés savantes et de grandes écoles, parmi lesquelles une école préparatoire de médecine et une célèbre école des arts et métiers, dont les vastes ateliers occupent l'ancienne abbaye du Ronceray, sur la rive droite de la Maine. L'activité industrielle et commerciale de la ville est aussi fort importante. Angers a des fonderies, des corderies, des filatures, surtout pour la fabrication des toiles à voiles. Elle est aussi la « Ville des Fleurs » : une de ses pépinières est la plus riche de l'ouest de la France ; ses plantes d'agrément, ses arbres fruitiers disputent le marché français aux produits de Troyes et ses caisses d'arbres sont expédiées par milliers jusqu'en Amérique ; les poires, les fraises d'Angers sont renommées ; les légumes, surtout les artichauts, les cultures par graines et semences couvrent les campagnes de Saint-Laud ; les vignobles de [[Saint-Barthélémy]], de [[Rochefort-sur-Loire|Rochefort]], de [[Savennières]] et de [[Saint-Georges-sur-Loire|Saint-Georges]], notamment ceux qui produisent la « coulée » de Serrant, ont une grande réputation ; enfin dans le voisinage d'Angers sont les plus grandes ardoisières de France. | Angers, jadis ville universitaire, est toujours un centre d'études et d'instruction ; elle a plusieurs sociétés savantes et de grandes écoles, parmi lesquelles une école préparatoire de médecine et une célèbre école des arts et métiers, dont les vastes ateliers occupent l'ancienne abbaye du Ronceray, sur la rive droite de la Maine. L'activité industrielle et commerciale de la ville est aussi fort importante. Angers a des fonderies, des corderies, des filatures, surtout pour la fabrication des toiles à voiles. Elle est aussi la « Ville des Fleurs » : une de ses pépinières est la plus riche de l'ouest de la France ; ses plantes d'agrément, ses arbres fruitiers disputent le marché français aux produits de Troyes et ses caisses d'arbres sont expédiées par milliers jusqu'en Amérique ; les poires, les fraises d'Angers sont renommées ; les légumes, surtout les artichauts, les cultures par graines et semences couvrent les campagnes de Saint-Laud ; les vignobles de [[Barthelemy|Saint-Barthélémy]], de [[Rochefort-sur-Loire|Rochefort]], de [[Savennières]] et de [[Saint-Georges-sur-Loire|Saint-Georges]], notamment ceux qui produisent la « coulée » de Serrant, ont une grande réputation ; enfin dans le voisinage d'Angers sont les plus grandes ardoisières de France. | ||
La zone de schiste fissile qui fournit l'ardoise dite d'Angers se développe vers le nord-ouest jusqu'en Bretagne ; mais c'est à l'est de la ville, principalement dans les communes d'Angers, de Saint-Barthélemy, de [[Trélazé]], en grande partie peuplé de « [[perreyeur]]s », que la pierre est le plus estimée à cause de l'égalité de ses feuillets et de sa force de résistance. Le mode d'exploitation à l'air libre tend à disparaître ; les principales carrières sont souterraines et se poursuivent au loin par des puits et des galeries, dont quelques-unes ont jusqu'à 150 mètres de haut. On ne peut donc se rendre compte de l'importance réelle des roches enlevées, mais les grandes excavations auxquelles on travaillait dès le douzième siècle sont assez nombreuses pour que l'aspect du sol ait déjà grandement changé. Quelques-unes des carrières sont ouvertes dans le roc à 40 mètres de profondeur ; d'un côté, des gradins réguliers, montant du fond du gouffre à la surface des champs, semblent attendre une immense assemblée ; de l'autre, des éboulis paraissent avoir comblé une partie de l'antique arène, tandis qu'au-dessus de l'endroit où travaille la foule des ouvriers, la paroi de la roche reste unie, et les grandes cages des « [[bassicot]]s » peuvent tantôt s'abaisser le long de la muraille pour aller prendre un chargement d'honimes et d'ardoises, tantôt monter vers le bord de l'abime, soulevées par de puissantes machines à vapeur. Çà et là s'élèvent en collines d'énormes amas de déblais et d'ardoises de rebut. Les 3000 ouvriers de Trélazé, aidés par des machines à vapeur d'une force de plus de 500 chevaux, livrent au commerce, chaque année, environ 200 millions d'ardoises, le triple de la production de 1850. | La zone de schiste fissile qui fournit l'ardoise dite d'Angers se développe vers le nord-ouest jusqu'en Bretagne ; mais c'est à l'est de la ville, principalement dans les communes d'Angers, de Saint-Barthélemy, de [[Trélazé]], en grande partie peuplé de « [[perreyeur]]s », que la pierre est le plus estimée à cause de l'égalité de ses feuillets et de sa force de résistance. Le mode d'exploitation à l'air libre tend à disparaître ; les principales carrières sont souterraines et se poursuivent au loin par des puits et des galeries, dont quelques-unes ont jusqu'à 150 mètres de haut. On ne peut donc se rendre compte de l'importance réelle des roches enlevées, mais les grandes excavations auxquelles on travaillait dès le douzième siècle sont assez nombreuses pour que l'aspect du sol ait déjà grandement changé. Quelques-unes des carrières sont ouvertes dans le roc à 40 mètres de profondeur ; d'un côté, des gradins réguliers, montant du fond du gouffre à la surface des champs, semblent attendre une immense assemblée ; de l'autre, des éboulis paraissent avoir comblé une partie de l'antique arène, tandis qu'au-dessus de l'endroit où travaille la foule des ouvriers, la paroi de la roche reste unie, et les grandes cages des « [[bassicot]]s » peuvent tantôt s'abaisser le long de la muraille pour aller prendre un chargement d'honimes et d'ardoises, tantôt monter vers le bord de l'abime, soulevées par de puissantes machines à vapeur. Çà et là s'élèvent en collines d'énormes amas de déblais et d'ardoises de rebut. Les 3000 ouvriers de Trélazé, aidés par des machines à vapeur d'une force de plus de 500 chevaux, livrent au commerce, chaque année, environ 200 millions d'ardoises, le triple de la production de 1850. |